Quelques collègues discutent à la pause café.
- « J’ai vraiment du mal avec ma nouvelle
affectation, annonce Denise. Je ne me sens pas capable, pas assez compétente
pour assumer mes nouvelles responsabilités dans ce poste.
- Allons donc, riposte Gauthier, tu es trop
modeste ! Moi qui te connais depuis quelques années, je sais que tu es parfaitement
capable de faire ce job, tu as toutes les compétences requises.
- L’humilité, ça ne paye pas, dans l’entreprise,
commente Ermine. On ne te fera pas de cadeau, alors il faut toujours paraître
forte et sûre de toi, sinon les autres te marchent dessus sans états d’âme.
- Mais tu connais Denise, explique Brice, elle n’est
pas du genre à jouer les fanfaronnes. Elle se pose toujours des questions, mais
au final elle remplit parfaitement les missions qui lui sont confiées. »
Dans la société d’aujourd'hui, la tendance est à la
valorisation de soi ; il s’agit d’abord de s’affirmer, de s’imposer, de
paraître à défaut d’être. On recherche avant tout à donner une bonne image de
soi. Dans ce contexte, l’humilité, jadis vertu cardinale, n’est plus à la mode
et se trouve quelque peu mise de côté. Dans le langage courant, nous confondons
d’ailleurs souvent l’humilité avec le manque d’estime de soi, voire le complexe
d’infériorité.
Pourtant, l’humilité n’est pas une dévalorisation de soi. Le
mot humilité vient du latin humus, la
terre : en pratiquant l’humilité, j’ai les pieds sur terre, je cherche à
avoir une vision réaliste de moi-même, de ma condition humaine et de ma place dans
l’univers. Sans méconnaître mes propres qualités, mais en admettant que je ne
suis pas grand-chose, au fond : je suis un être mortel, et rien de ce que
je possède ne vient réellement de moi. Je reconnais ne guère pouvoir influencer
la plupart des éléments qui déterminent mon existence et celle de ceux à qui je
tiens.
L’humilité est donc un équilibre
qui s’oppose à toutes sortes de visions déformées de soi, que ce soit dans l’exagération
(orgueil, vanité, égocentrisme) ou dans la dépréciation (dégoût ou haine de
soi, fausse modestie). En cela, l’humilité s’oppose clairement à la fausse
modestie. Celle-ci demeure dans l’ordre du paraître : elle feint l'humilité
afin de provoquer une réaction positive des autres et d’attirer parfois encore
plus de compliments.
L’humilité, valorisée par toutes les grandes religions comme
par beaucoup de philosophies, ne semble pas être une qualité innée chez les humains.
C’est plutôt une vertu qui s’acquiert avec le temps et l’expérience de vie. Son
apparition et son développement sont favorisés par un travail de connaissance
de soi et de réflexion spirituelle. Car être humble, c’est finalement reconnaître
ce que je suis, ni plus, ni moins. Cela ne m’empêche pas éventuellement d’être fier
d’avoir accompli telle ou telle chose avec les moyens dont je disposais. Mais dans
le même temps, j’accepte les événements sur lesquels je n’ai aucune influence.
Faut-il donc rechercher l’humilité ?
Dans le prochain article, je vous propose d’examiner quelques bénéfices de l’humilité
ainsi que des outils pour y parvenir.
Renaud CHEREL
Vous pouvez lire aussi dans ce blog des articles sur la même thématique :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire