Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 15 juin 2015

Humilité et modestie

Quelques collègues discutent à la pause café.

- « J’ai vraiment du mal avec ma nouvelle affectation, annonce Denise. Je ne me sens pas capable, pas assez compétente pour assumer mes nouvelles responsabilités dans ce poste.

- Allons donc, riposte Gauthier, tu es trop modeste ! Moi qui te connais depuis quelques années, je sais que tu es parfaitement capable de faire ce job, tu as toutes les compétences requises.

- L’humilité, ça ne paye pas, dans l’entreprise, commente Ermine. On ne te fera pas de cadeau, alors il faut toujours paraître forte et sûre de toi, sinon les autres te marchent dessus sans états d’âme.

- Mais tu connais Denise, explique Brice, elle n’est pas du genre à jouer les fanfaronnes. Elle se pose toujours des questions, mais au final elle remplit parfaitement les missions qui lui sont confiées. »
Le Chat (Philippe Geluck)

Dans la société d’aujourd'hui, la tendance est à la valorisation de soi ; il s’agit d’abord de s’affirmer, de s’imposer, de paraître à défaut d’être. On recherche avant tout à donner une bonne image de soi. Dans ce contexte, l’humilité, jadis vertu cardinale, n’est plus à la mode et se trouve quelque peu mise de côté. Dans le langage courant, nous confondons d’ailleurs souvent l’humilité avec le manque d’estime de soi, voire le complexe d’infériorité.

Pourtant, l’humilité n’est pas une dévalorisation de soi. Le mot humilité vient du latin humus, la terre : en pratiquant l’humilité, j’ai les pieds sur terre, je cherche à avoir une vision réaliste de moi-même, de ma condition humaine et de ma place dans l’univers. Sans méconnaître mes propres qualités, mais en admettant que je ne suis pas grand-chose, au fond : je suis un être mortel, et rien de ce que je possède ne vient réellement de moi. Je reconnais ne guère pouvoir influencer la plupart des éléments qui déterminent mon existence et celle de ceux à qui je tiens.

L’humilité est donc un équilibre qui s’oppose à toutes sortes de visions déformées de soi, que ce soit dans l’exagération (orgueil, vanité, égocentrisme) ou dans la dépréciation (dégoût ou haine de soi, fausse modestie). En cela, l’humilité s’oppose clairement à la fausse modestie. Celle-ci demeure dans l’ordre du paraître : elle feint l'humilité afin de provoquer une réaction positive des autres et d’attirer parfois encore plus de compliments.

L’humilité, valorisée par toutes les grandes religions comme par beaucoup de philosophies, ne semble pas être une qualité innée chez les humains. C’est plutôt une vertu qui s’acquiert avec le temps et l’expérience de vie. Son apparition et son développement sont favorisés par un travail de connaissance de soi et de réflexion spirituelle. Car être humble, c’est finalement reconnaître ce que je suis, ni plus, ni moins. Cela ne m’empêche pas éventuellement d’être fier d’avoir accompli telle ou telle chose avec les moyens dont je disposais. Mais dans le même temps, j’accepte les événements sur lesquels je n’ai aucune influence.

Faut-il donc rechercher l’humilité ? Dans le prochain article, je vous propose d’examiner quelques bénéfices de l’humilité ainsi que des outils pour y parvenir.


Renaud CHEREL

Vous pouvez lire aussi dans ce blog des articles sur la même thématique :

Aucun commentaire: