L'âne qui résiste à son maître fait-il preuve de volonté ? |
Ainsi définie, la décision volontaire est un processus qui
fait intervenir de nombreuses composantes, des désirs qui peuvent s’opposer à
des résistances. Par exemple Sonia a tendance à repousser les choses au lendemain ;
comme elle redoutait d’aller chez le dentiste, elle n’a pas pris rendez-vous pour
un examen préventif. C’est une rage de dents qui l’a poussée à consulter en urgence.
Sa décision était sous la dépendance de ses tendances habituelles, de ses craintes
et de ses besoins.
Plus qu’un processus immédiat et facile, la décision
volontaire apparaît souvent comme laborieuse ; elle est prise après en avoir
pesé les conséquences, les avantages et les inconvénients. C’est pourquoi, en
psychologie classique, on divise l’acte volontaire en 4 moments : conception, délibération,
décision, réalisation.
On parlera de volonté lorsque la personne s’engage dans un
projet et que le souhait qu’elle cherche à satisfaire est réalisable à ses yeux.
L’acte volontaire est assumé, il fait appel à des objectifs, des moyens et des connaissances.
Un acte accompli par ignorance n’est pas dit « volontaire », pas plus qu’un
acte inconscient. C’est dans ce cadre que l’individu est dit responsable de ses
actes.
Peut-on alors exercer sa volonté ? Je répondrai que l’on
peut améliorer les conditions dans lesquelles exercer sa volonté. En
développant mon « observateur intérieur », je suis plus à même d’identifier
mes comportements indésirables, souvent automatiques. Je vais alors être
capable de stopper telle réaction habituelle, inappropriée dans les
circonstances présentes, ou au contraire de la maintenir parce que je juge que
c’est la bonne façon de faire.
Si ma réponse habituelle n’est pas appropriée, comment en trouver
une autre ? Cela n’est pas très facile, car la force des habitudes est
très puissante. La réponse tient dans un petit mot : l’entraînement. Comme
l’esprit est lié au corps, il s’agit de m’exercer régulièrement à des gestes
qui favorisent l’expression d’émotions opposées à celle que je veux éviter, dans
des situations à enjeux faibles. Par exemple, Marceau, souvent dans la colère, ne
remarque même pas qu’il est en colère et qu’il élève la voix à la moindre
provocation ; c’est sa réponse habituelle. En travaillant sur des gestuelles
calmes et pondérées, il va tout naturellement développer en lui l'écoute et la
tolérance.
Renaud CHEREL
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