Ernest joue régulièrement au Loto, et il lui arrive de gagner de petites sommes ; il est persuadé être capable d’anticiper les combinaisons gagnantes, mais que cela lui demande une intense concentration mentale. Ainsi, il explique à son entourage que, s’il n’a pas gagné cette fois-là, c’est qu’il était déconcentré. La prochaine fois, c’est sûr, il va décrocher le gros lot.
En prévision de l’été, Giselle a acheté une crème
amincissante en se disant : « grâce à ce produit, ma silhouette va
s’améliorer en un rien de temps ! Je vais avoir un corps plus mince, plus
ferme, donc plus jeune. » Malheureusement, un mois plus tard, le miracle
n’a pas eu lieu : c’est la déception pour Giselle, qui se sent coupable de
ne pas arriver à s’occuper assez d’elle-même.
Jean-Gabriel transporte toujours avec lui, dans son
portefeuille, un « vrai » trèfle à quatre feuilles qu’il a trouvé
dans sa pelouse et qu’il a fait soigneusement fait sécher : il se dit que
cela lui porte chance. Par ailleurs, quand il se trouve face à certaines
difficultés, Jean-Gabriel a le réflexe de se croiser les doigts : il espère
ainsi mettre de son côté les conditions favorables pour s’en sortir plus
facilement.
Linda détient une liste de saints spécialisés dans la
résolution de divers problèmes : saint Antoine de Padoue pour protéger ses
petits-enfants, sainte Barbe contre les brûlures, saint Cloud contre les
maladies de peau, sainte Apolline contre les rages de dents ; en dernier
recours, pour les cas les plus difficile, elle invoque sainte Rita.
La plupart d’entre nous – même ceux qui s’en défendent –
peuvent avoir recours une fois ou l’autre à des formes de ce qu’on appelle la
pensée magique. Celle-ci pourrait être définie comme une tendance à chercher
les liens symboliques et signifiants entre choses et événements. Autrement dit,
la croyance que certaines pensées pourraient provoquer l’accomplissement de ses
désirs ou empêcher des événements ou des problèmes.
Selon l’ethnologue Frazer, la pensée magique comporte deux
grands principes :
- La loi de la similarité : les objets présentant une ressemblance
seraient liés de façon causale d’une manière incompréhensible par la science.
- La loi de la contagion : les objets ayant été en contact physique
ou ayant été associés dans le temps conserveraient un lien même après leur
séparation.
En fait, même dans nos sociétés occidentales, les deux modes
de pensée, magique et rationnelle, coexistent chez chacun à différents niveaux.
Chaque enfant, au cours de son développement, passe normalement par une phase
faisant intervenir la pensée magique. Dans son monde imaginaire, il se donne l’illusion
d’un pouvoir sur les événements, choses et les gens. Une fois adulte, c’est la
pensée rationnelle qui domine, mais nous conservons souvent des traces de
pensée magique. Un excès dans ce domaine peut indiquer la présence de troubles
anxieux, de dépression, de trouble obsessionnel compulsif (TOC). Mais pour la
plupart d’entre nous, cela a le plus souvent de faibles conséquences.
Renaud CHEREL
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