C’est Éric Berne, le fondateur de l’analyse
transactionnelle, qui a introduit le concept de jeu psychologique. Prenons un
exemple pour mieux comprendre :
Térésa : « Papa, j’ai besoin que tu m’aides à faire mon devoir maths,
j’y comprends rien.
- Tu as bien lu l’énoncé ?
- Oui, mais c’est du charabias.
- Quels sont les mots que tu ne comprends pas ?
- Je comprends rien du tout ! C’est du chinois ! »
Paco commence à s’énerver : « Mais enfin, c’est du français ! Tu
sais lire tout de même !
-Si tu le prends comme ça, c’est même pas la peine que je te demande !
Tant pis, j’aurai zéro, et ce sera de ta faute !
- Ma faute ? Mais c’est ton devoir ! C’est bien la peine que
j’essaye de t’aider ! Chaque fois c’est la même chose, j’ai beau essayer
de t’aider, tu m’envoies sur les roses. Puisque c’est comme ça, débrouille-toi
toute seule !
Et le père s’en va en claquant la porte.
Éric Berne décrit ce type d’échange comme un jeu
psychologique. Pourquoi utilise-t-il le mot « jeu » ? Parce que
comme dans un jeu, les partenaires, tout en improvisant, suivent un certain
nombre de règles, qui donnent un aspect répétitif à l’échange : Térésa et
son père se retrouvent régulièrement dans cette situation, dont l’issue est
quasiment fixée d’avance. La différence entre le jeu psychologique et le jeu
conventionnel tient au fait que, dans le premier, les règles sont cachées,
inconscientes pour les joueurs. Éric Berne parle d’une « série de
transactions cachées, complémentaires, progressant vers un résultat bien
défini, prévisible ». Le jeu psychologique est en fait un échange entre
deux ou plusieurs personnes dont le but réel pour chacun n’est pas la poursuite
de l’échange au niveau de ce qui est dit ou de ce qui est visible, mais à un
niveau sous-jacent, caché. À l’issue de ce jeu, chacun va en tirer des
bénéfices, mais ce sont des bénéfices négatifs : en effet, nous sommes des
êtres sociaux et la plupart du temps, nous préférons recevoir un bénéfice
négatif plutôt que pas d’interaction du tout.
Une façon de représenter le jeu psychologique a été proposée
par Stephen Karpman avec ce qu’il appelle le Triangle dramatique : il
explique que trois rôles sont nécessaires pour que le « drame » se
déroule : un Persécuteur, un Sauveteur et une Victime. Bien entendu, ce
sont en général des rôles fictifs, bien que parfois ces rôles deviennent
réalité. Reprenons le scénario joué entre Paco et Térésa :
Au début de l’échange, Térésa se pose en Victime et Paco en
Sauveur ; le Persécuteur, non présent, peut être représenté par le prof de
maths. Au cours de l’échange, les rôles évoluent, et c’est le père qui se pose
en Victime, plaçant sa fille dans celui de Persécuteur. C’est ce que Berne
appelle le « coup de théâtre », avec un renversement des rôles et une
sortie qui rompt l’échange, par exemple ici en claquant la porte.
Renaud CHEREL
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