La vie pourrait être comparée à une montagne que l’on gravit
pendant sa jeunesse, pour arriver à une sorte de plateau plus ou moins bosselé
pendant l’âge adulte. Nous avons bien conscience que notre parcours nous amènera
à redescendre l’autre versant de la montagne, mais pour la plupart d’entre
nous, cela reste assez théorique, investis que nous sommes dans les activités
de la vie quotidienne. Et puis un jour, à la faveur d’un événement personnel, du
décès d’un proche, ou tout simplement en réalisant que nous ne sommes plus
capables des mêmes performances qu’auparavant, nous prenons vraiment conscience
que notre descente est déjà bien engagée : « ça y est, je suis en
train de vieillir ! ».
Dans les années 1960, Éric Berne, psychiatre et fondateur de
l’analyse transactionnelle, affirmait qu’une large proportion de gens ne s’accordait
pas le droit de vivre plus d’un certain nombre d’années. L’hypothèse formulée était
la suivante : l’individu ne peut pas agir sur les événements extérieurs,
mais il a prise sur ses dispositions intérieures par l’intermédiaire de ce que
Berne appelle le scénario de vie. Ce scénario, mis en place dans l’enfance,
prévoit les grandes étapes de son existence, y compris une certaine durée de
vie. Certains scénarios sont « gagnants », d’autres sont
« perdants ». Mais, toujours selon Berne, un travail sur soi,
éventuellement accompagné par un professionnel, peut permettre de modifier ce
scénario, de le rendre plus satisfaisant. Assez ironiquement, il semble que
Berne lui-même n’ait pas su mettre à profit les techniques qu’il enseignait,
puisqu’il a eu une vie personnelle assez chaotique et qu’il est mort d’une
crise cardiaque alors qu’il était âgé seulement de 60 ans.
Cependant, ses intuitions me paraissent assez vraies ; sur cette base,
comme tout bon voyageur, nous pouvons prendre la précaution de nous munir dans notre
bagage d’un équipement propre à nous faciliter la descente, à savoir une bonne
hygiène de vie : pas de tabac ; une consommation d’alcool modérée ;
une alimentation équilibrée ; de l’exercice régulier. J’ajouterai pour ma
part un élément psychologique : le fait d’avoir une vision positive dans
la vie en général me paraît un facteur important.
En vieillissant on perd un certain nombre de choses : des
cellules nerveuses, de la force musculaire, de la souplesse, de la rapidité, de
l’agilité, de l’acuité sensorielle, etc. En même temps, l’on a gagné en
expérience, on a vécu beaucoup de choses. Autour de moi, je constate deux
grandes tendances : certaines personnes semblent se racornir en
vieillissant ; très attachées à leurs petites habitudes, elles se replient
sur elles-mêmes, le monde leur paraît de plus en plus hostile et elles se
réfugient dans la nostalgie d’un passé révolu. D’autres, au contraire, semblent
en vieillissant gagner en profondeur et en largeur d’esprit : devenues
plus tolérantes, elles perçoivent davantage la beauté intime du monde ;
elles ont développé leur aptitude à écouter l’autre dans sa différence et ont
peu à peu gagné en sagesse.
Nelson Mandela, 94 ans. |
Renaud CHEREL
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