Confiance ou méfiance envers les autres ? |
-« Moi, je me méfie de ce qu’on me raconte, affirme
Gontran ; surtout quand je ne connais pas très bien mon interlocuteur, je
me débrouille pour faire des recoupements et des vérifications. J’ai toujours
des doutes qui m’assaillent, sur les autres et sur moi-même… »
-« Je me reproche parfois d’être trop confiante dans
les autres, soupire Élisabeth, et parfois ça me joue des tours ; mais d’un
autre côté, comment peut-on avoir des rapports humains si on ne fait pas
confiance ? »
En effet, il est très difficile, sinon impossible,
d’entretenir des relations sociales harmonieuses sans un minimum de croyance ou
de foi dans l’autre. Si je ne crois en aucun cas ce que l’autre me dit, si je
dois passer par une vérification systématique de tout ce que j’entends, je
tombe dans la paranoïa et les relations deviennent singulièrement difficiles.
Dans la vie quotidienne, beaucoup de nos liens sociaux sont tissés de
confiance.
Je prends un exemple qui me paraît fondamental car il a des
conséquences sur le fonctionnement de la société : le père croit que ses
enfants sont de lui sur la parole de sa femme ; mais avant l’avènement des
analyses génétiques, il n’avait aucun moyen objectif de le vérifier. Dans certaines
sociétés, ce fait a entraîné la construction de systèmes très rigides pour
tenter d’enlever à la femme toute possibilité d’avoir des relations sexuelles
avec un autre homme que son mari. Les relations hommes-femmes sont alors
construites sur la méfiance réciproque et non sur la confiance.
De la même façon, l’amitié ne peut qu’être construite sur la
confiance. Cela ne signifie pas qu’il faille tout dire à son meilleur ami ou à
sa meilleure amie : à chacun de discerner ce qu’il y a lieu de dire et de
ne pas dire. Croire, c’est accepter la possibilité d’être trompé ;
cependant, sans un minimum de confiance réciproque, il n’y a pas d’amitié
possible.
Si dans une société donnée, les relations entre conjoints ou
entre amis sont tissées de méfiance, alors, me semble-t-il, il y a forcément
des conséquences dans le fonctionnement global de cette société qui devient
plus rigide, plus segmentée, moins adaptable, moins tolérante.
Mais jusqu’où faire confiance sans tomber dans la crédulité,
cette propension à croire trop facilement, trop hâtivement ou sans examen
critique ? À ce propos, il est intéressant de se demander qui est crédule
à mes yeux ? La réponse est souvent l’autre : les primitifs, les enfants,
les hommes des époques précédentes… mais pas moi ! Il est souvent plus
facile de reconnaître la crédulité de l’autre que la mienne, surtout quand il
est éloigné dans le temps ou dans l’espace.
Pour maintenir des relations sociales satisfaisantes, il me
faut donc naviguer avec discernement entre les deux écueils de la méfiance
systématique et de la crédulité, ce qui n’est pas toujours tâche aisée !
Renaud CHEREL
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Renaud CHEREL
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