Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 19 mars 2012

Croyances et relations sociales


Confiance ou méfiance envers les autres ?
Dans le message précédent (voir Croyances et savoirs), j’ai évoqué la part que nos croyances occupent dans le domaine de la connaissance dite scientifique. Dans le domaine social, la part des croyances est évidemment bien plus importante.

-« Moi, je me méfie de ce qu’on me raconte, affirme Gontran ; surtout quand je ne connais pas très bien mon interlocuteur, je me débrouille pour faire des recoupements et des vérifications. J’ai toujours des doutes qui m’assaillent, sur les autres et sur moi-même… »

-« Je me reproche parfois d’être trop confiante dans les autres, soupire Élisabeth, et parfois ça me joue des tours ; mais d’un autre côté, comment peut-on avoir des rapports humains si on ne fait pas confiance ? »
En effet, il est très difficile, sinon impossible, d’entretenir des relations sociales harmonieuses sans un minimum de croyance ou de foi dans l’autre. Si je ne crois en aucun cas ce que l’autre me dit, si je dois passer par une vérification systématique de tout ce que j’entends, je tombe dans la paranoïa et les relations deviennent singulièrement difficiles. Dans la vie quotidienne, beaucoup de nos liens sociaux sont tissés de confiance.

Je prends un exemple qui me paraît fondamental car il a des conséquences sur le fonctionnement de la société : le père croit que ses enfants sont de lui sur la parole de sa femme ; mais avant l’avènement des analyses génétiques, il n’avait aucun moyen objectif de le vérifier. Dans certaines sociétés, ce fait a entraîné la construction de systèmes très rigides pour tenter d’enlever à la femme toute possibilité d’avoir des relations sexuelles avec un autre homme que son mari. Les relations hommes-femmes sont alors construites sur la méfiance réciproque et non sur la confiance.

De la même façon, l’amitié ne peut qu’être construite sur la confiance. Cela ne signifie pas qu’il faille tout dire à son meilleur ami ou à sa meilleure amie : à chacun de discerner ce qu’il y a lieu de dire et de ne pas dire. Croire, c’est accepter la possibilité d’être trompé ; cependant, sans un minimum de confiance réciproque, il n’y a pas d’amitié possible.

Si dans une société donnée, les relations entre conjoints ou entre amis sont tissées de méfiance, alors, me semble-t-il, il y a forcément des conséquences dans le fonctionnement global de cette société qui devient plus rigide, plus segmentée, moins adaptable, moins tolérante.

Mais jusqu’où faire confiance sans tomber dans la crédulité, cette propension à croire trop facilement, trop hâtivement ou sans examen critique ? À ce propos, il est intéressant de se demander qui est crédule à mes yeux ? La réponse est souvent l’autre : les primitifs, les enfants, les hommes des époques précédentes… mais pas moi ! Il est souvent plus facile de reconnaître la crédulité de l’autre que la mienne, surtout quand il est éloigné dans le temps ou dans l’espace.

Pour maintenir des relations sociales satisfaisantes, il me faut donc naviguer avec discernement entre les deux écueils de la méfiance systématique et de la crédulité, ce qui n’est pas toujours tâche aisée !

Renaud CHEREL



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