Connaissez-vous cette histoire que l’on raconte à propos de
Gandhi ?
Une mère conduisit son jeune fils chez le mahatma Gandhi au
prix d’un long voyage via le train, l’autobus, le pousse-pousse et à pied. Elle
supplia le maître : « Dites à mon fils d'arrêter de manger du
sucre ! » Gandhi se tut un moment, puis déclara : « Reviens avec
lui dans deux semaines. »
Ils revinrent comme prévu, deux semaines plus tard :
train, autobus, etc. Le mahatma regarda le jeune garçon dans les yeux et lui
dit : « Arrête de manger du sucre. » Reconnaissante mais étonnée, la
femme lui dit : « Pourquoi m'avez-vous demandé de revenir dans deux
semaines ? Vous auriez pu lui dire cela la première fois où je suis
venue. »
Gandhi répondit : « Il y a deux semaines, moi aussi je
mangeais du sucre. »
Dans notre société où l’individualisme règne en maître,
l’idée même de donner l’exemple peut paraître ringarde, dépassée : quel frein
ce serait à la liberté individuelle ! Les messages serinés par la
publicité et les médias nous enjoignent de laisser chacun mener sa vie comme il
l’entend ; les hommes et les femmes en vue ne se gênent plus pour étaler
des aspects peu reluisants de leur vie privée.
C’est oublier que tout ce qui s’expose en public sert de
repère, même si telle n’était pas l’intention de l’auteur. Le comportement
d’une personnalité connue peut jeter le trouble, voire renverser les systèmes
de valeurs de ses admirateurs. En effet, si telle personne en vue est admirée
pour sa réussite, son autorité, ou tout autre critère, dans bien des cas sa
conduite fera partie du lot. Car bien souvent, nous avons du mal à différencier
une personne de ses actes : nous prenons le tout d’un bloc. Si donc cette
personne admirée commet un délit, nous serons tentés de lui trouver quelque
excuse et le délit nous semblera moins grave. Ses mensonges banaliseront le
mensonge et appelleront des mensonges en retour. Il en sera de même pour la
tromperie, la ruse, l'injustice. Heureusement, l'inverse est également
vrai : l’exemple de Gandhi ne laisse pas indifférent.
Ceux qui sont en position d’autorité ont donc du pouvoir sur
la définition du bien et du mal. Certains d’entre nous peuvent se dire :
« Mais je ne suis pas une star connue dans les médias, je ne suis ni
ministre, ni chef d’État, donc cela ne me concerne pas… »
Pourtant,
réfléchissons : n’avons-nous jamais été l’objet de l’admiration de
quelqu’un ? N’avons-nous jamais éprouvé du respect pour le sérieux, la
compétence de tel supérieur hiérarchique ? N’avons-nous jamais eu
l’occasion d’admirer le comportement citoyen d’un inconnu dans la rue ?
Que nous soyons dirigeant, cadre en entreprise, parent ou éducateur, membre
d’une association d’un mouvement ou d’un parti, piéton ou automobiliste, nous
avons tous, à des degrés divers, l’occasion d’être un exemple pour d’autres.
Par mon comportement, je peux semer la transparence,
l'équité, la justice, le respect. Qu’est-ce qui m’en empêche ?
Renaud CHEREL
Renaud CHEREL
Bibliographie :
José Frèches : Gandhi – Tome 1 : Je suis un soldat de la paix. XO éditions, 2007.
José Frèches nous livre ici
une grande fresque de la vie de celui qui a fait ployer l’Empire britannique
grâce à la désobéissance civile menée dans la non-violence. Dans ce premier
tome, il décrit l’enfance de Gandhi, ses études à Londres, ses premières luttes
pour la justice en Afrique du Sud puis en Inde. Passionnant.José Frèches : Gandhi – Tome 1 : Je suis un soldat de la paix. XO éditions, 2007.
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Admiration
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