Comment le capitaine du Costa Concordia a-t-il géré l'imprévu ? |
Monique est jeune professeur dans un lycée. Alors qu’elle
rend les copies du dernier devoir, un des élèves se lève et conteste bruyamment
la note affichée sur sa copie. Monique se tourne vers lui et, concentrée sur
son échange avec cet élève, ne se rend pas compte que la classe s’agite :
bientôt c’est le chahut et Monique, débordée, ne sait comment réagir.
Interpréter l’ensemble
de la situation
L’irruption d’un événement imprévisible nous conduit parfois
à délaisser tout le reste pour nous focaliser sur lui, ce qui peut avoir des
conséquences désastreuses. L’observation en milieu professionnel montre que les
débutants ont plus de risques d’être complètement absorbés par un incident
imprévu, alors que ceux qui sont plus expérimentés élargissent leur vision
latérale et prennent en compte l’ensemble de la situation.
Élaborer une réponse
appropriée
Même si on a anticipé l’événement et que l’on dispose d’un
répertoire de réponses possibles, encore faut-il appliquer la réponse
appropriée. Mais les choses ne se répètent pas exactement, et bien souvent la
réalité ne correspond pas au scénario prévu : il faut donc adapter son
action à partir d’une trame générale ou d’une expérience partielle. Cela
nécessite de bien se connaître, d’avoir pris conscience des biais et des
failles de ses propres raisonnements spontanés.
Activer le processus
de réaction
Parfois le geste approprié n’est pas techniquement
difficile, mais la peur de l’erreur et des conséquences peut paralyser le
passage à l’acte. L’opérateur, à tort ou à raison peut être saisi de doutes,
refaire son raisonnement, surseoir. Il lui faut évaluer un double risque :
celui d’agir trop vite et celui de trop tarder. Pris dans l’organisation du travail,
il a rarement "tout son temps" pour analyser les situations et
réagir. Philippe Perrenoud accorde une importance particulière à l’effet de la
deadline, l’échéance à partir de laquelle différer la réponse, aussi adéquate
soit-elle, devient plus grave que répondre de façon imparfaite, mais en temps utile.
Notons que ces trois étapes peuvent s’améliorer par
l’expérience, mais à la condition de prendre le temps d’analyser les échecs –
ou les demi-réussites – que l’on a vécus. Car l’expérience, si elle n’est pas
élaborée, ne provoque pas nécessairement des progrès rapides. C’est l’analyse
des situations et des stratégies utilisées qui permettra à Monique de prendre
conscience de sa façon de gérer le risque et d’agir. Elle pourra alors, selon
les cas, choisir de conserver ou de modifier sa stratégie. Et il est probable
qu’une telle analyse apportera plus de fruits si elle est faite avec
d’autres : d’où la nécessité de lieux neutres permettant d’échanger sur
son expérience sans être dans un contexte de jugement ou d’évaluation. En
l’absence de tels lieux dans le cadre du travail, un accompagnement, un
coaching, peuvent apporter une réelle assistance.
Renaud CHEREL
Voir aussi dans ce blog :
Faire face à l'imprévu
Liens externes :
Gestion de l'imprévu, par Philippe Perrenoud
Renaud CHEREL
Voir aussi dans ce blog :
Faire face à l'imprévu
Liens externes :
Gestion de l'imprévu, par Philippe Perrenoud
1 commentaire:
Très bel article!! Bravo!
Annie.
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