Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 5 décembre 2011

Comment gérons-nous l'imprévu ?

Sculpture en terre - Dublin, Irlande (Photo Renaud Cherel)
Pierre-Marie travaille dans le service administratif de sa boîte depuis quinze ans. Il a ses habitudes, il connait bien les procédures ; il sait exactement ce qu’il a à faire et il le fait bien. Par contre, il n’aime pas les imprévus ou même les changements de stratégie de la Direction qui lui mettent la pression, car il lui faut du temps pour organiser ses priorités. « Quand arrive un imprévu, cela dérange toute mon organisation. Je dois reconnaitre que pour moi c’est difficile de trier… C’est pas facile de savoir quelle tâche prendre en premier… »

À l’opposé, Dominique, chef de publicité, explique : « Mon travail consiste à vendre à des entreprises une idée pour mettre en valeur leur produits. Ce que j’aime le plus, c’est l’imprévu, le dernier moment. Je suis très réactive et je suis capable d’improviser à partir de ce que me renvoie le client. Modifier ce qui est prévu, c’est presque le plus facile pour moi. Changer, c’est permanent et c’est pour ça que j’adore mon métier. »

Pour Estelle, l’imprévu peut être un stimulant : « Quand je ne suis pas bien, ce qui peut me sortir de mon état, ça peut être un truc inattendu, un oiseau qui vient se poser en face de la fenêtre, et là je me dis :"C’est beau la vie !" J’ai une capacité d’émerveillement sur une chose qui peut être insignifiante. C’est comme si mon émotion négative était remplacée, substituée grâce à cet inattendu. Mais le phénomène inverse est tout à fait vrai aussi : je peux être dans l’euphorie et faire une bascule immédiate à propos d’un rien ! »

Mehmet est responsable logistique dans une PME et gère de l’imprévu quotidiennement : « Tous les jours je dois faire face à des situations particulières et réagir très vite : un camion qui tombe en panne, il me faut gérer le dépannage et réorganiser les circuits des autres camions du secteur pour livrer la marchandise ; un chauffeur qui est malade, il faut le remplacer au pied levé... Mais je suis comme ça ; même en vacances, j’ai toujours quelque chose à faire : je m’organise pour faire des randonnées tous les jours, et mes itinéraires sont prévus six mois à l’avance. »

Rolande collabore au service social d’une mairie : « Je travaille toujours avec une certaine anxiété en arrière-plan. Pour parer aux imprévus, j’anticipe et j’ai toujours un film qui se déroule dans la tête : j’essaie de prévoir l’imprévisible. Dans les réunions, je questionne toujours : "Est-ce que vous avez pensé à ceci ? A-t-on prévu cela ?" et si on n’a pas pris les mesures nécessaires et que l’événement survient, j’ai tendance à faire remarquer : "Je vous l’avais bien dit !" »

Même dans la vie la plus organisée, des imprévus surgissent et il faut les gérer. Mais nous ne réagissons pas tous de la même manière face à l’imprévu. Peut-être ressemblez-vous à l’un des personnages décrits ?

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Quelques outils pour faire face à l’imprévu.
    Permanence et changement
    Ordinaire, extraordinaire


Bibliographie : 
P Watzlawick, J. Weakland, R. Fisch : Changements, éd. du Seuil, Collection Points, 1981.
Dans ce livre, les auteurs examinent comment souvent, paradoxalement, le bon sens et la logique échouent à provoquer un changement de comportement et compliquent le problème, alors que des approches paraissant illogiques ou même farfelue produisent l'effet désiré. 
Tous trois ont travaillé à l'Institut de Recherches Mentales de Palo-Alto (USA). 

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