Notre vision du monde n’est pas le monde : cette affirmation peut sembler ridicule de banalité, et pourtant… dès qu’on cherche à gratter la surface des choses, on se rend vite compte du fait suivant : l’on a facilement tendance à penser que le monde est réellement ce que nous croyons qu’il est. Je vois, je touche, j’entends ces choses, donc elles sont vraies, et elles sont vraiment comme je les perçois. Du coup, je m’étonne que les autres ne soient pas d’accord avec moi, même parfois sur des points qui me semblent tellement évidents… Il me faut faire un minimum d’effort pour réaliser que chaque personne a sa propre vision du monde, et que ma vision est différente de celle des autres. Prenons un exemple :
Amélie et Daniel, Myriam et Jack ont passé une semaine de vacances ensemble à la neige, dans un chalet qu’ils ont loué. Amélie le trouve très cosy ; elle était vraiment contente de partager des moments chaleureux avec ce petit groupe qu’elle connaît depuis longtemps. Daniel, lui, a apprécié surtout la proximité des pistes ; il a eu la satisfaction d’avoir amélioré ses performances depuis l’année passée. Myriam a trouvé ce chalet un peu tristounet ; elle se pose des questions sur sa relation avec Jack, qui lui semble lointain depuis quelque temps. Quant à Jack, il n’a pas trop fait attention au chalet, il ne saurait même pas le décrire : il était préoccupé par le prochain rachat de son entreprise par un concurrent…
Supposons maintenant que vous vouliez savoir comment était ce chalet en montagne… selon la personne à qui vous aurez posé la question, l’image que vous en recevrez sera bien différente ! Ce genre d’expérience, nous le vivons tous les jours, et pourtant… Combien de fois nous arrive-t-il de croire que notre vision du monde est réellement le monde ?... Et ne nous arrive-t-il pas d’essayer de persuader les autres que c’est la vraie ?
Nous ne percevons donc pas le monde tel qu’il est : tout ce que nous voyons, tout ce que nous entendons, tout ce que nous sentons et goûtons, tout cela est coloré, influencé par notre histoire personnelle, par ce que nous avons vécu, expérimenté auparavant. De plus, notre représentation du monde est fortement influencée aussi par notre culture, notre époque, le milieu social dans lequel nous évoluons.
Et alors, me direz-vous, qu’est-ce que ça change ? Eh bien, cela change énormément de choses dans nos rapports avec les autres ! A partir du jour où je comprends vraiment que ma représenta-tion du monde n’est pas le monde, je suis amené à admettre que la représentation de l’autre a de la valeur. Il me sera plus facile de tenter de comprendre son point de vue, même si comprendre l’autre ne signifie pas approuver, être d’accord avec, avaliser ses décisions.
Admettre que ma vision du monde n’est pas le monde, c’est aussi admettre la différence de points de vue, et c’est à partir de là que naît le dialogue.
Renaud CHEREL
Voir aussi dans ce blog :
Points de vue
Notre vision du monde n'est pas le monde
Observation et jugement
Reformulation
Point aveugle
Le langage influence-t-il notre pensée?
Qu'est-ce que la vérité?
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