Comme je l’indiquais dans mon précédent article, la plupart d’entre nous dépensons beaucoup de temps et d’énergie à courir pour obtenir ce que nous recherchons. Certains d’entre nous sont animés par le besoin impérieux d’accumuler des biens, des vêtements, des œuvres d’art, des signes extérieurs de richesse. Certains se focalisent sur une catégorie d’objets et collectionnent les timbres, les livres ou les conquêtes amoureuses, féminines ou masculines. D’autres cherchent à acquérir davantage de pouvoir dans leur famille, leur entreprise, la communauté dont ils font partie.
Et même sans aller chercher si
loin, nous constatons dans la vie quotidienne combien nous sommes souvent tentés
de nous attacher aux choses, aux gens, aux lieux, aux souvenirs, aux traditions…
en soi, cela n’est pas mauvais ; mais ces attachements nous empêchent parfois
d’être vraiment nous-mêmes, une personne libre, adulte et responsable.
Je pense par exemple à des objets
que nous avons conservés mais qui nous encombrent finalement, et dont nous n’arrivons
pas à nous débarrasser : un bon nettoyage nous ferait certainement du
bien. Ou bien des relations que nous avons conservées avec telle ou telle personne,
tout en nous rendant compte que c’est par pure convention sociale. Cette
personne ne nous apporte plus rien, et elle-même nourrit le même sentiment
envers nous ; mais par habitude, nous continuons à nous fréquenter. Peut-être
est-ce le moment de lui dire adieu, tout en la remerciant pour ce qu’elle nous a
apporté à un moment de notre vie ?
Considérons de même les loyautés familiales,
souvent inconscientes, que nous avons élaborées pendant notre enfance à partir
de ce que nous disaient ou faisaient nos parents, des membres de la famille ou des
proches. Parfois elles sont explicites : « On a toujours fait comme
ça dans la famille, alors je continue… ». Parfois, ces loyautés ne se
manifestent qu’indirectement, et nous les devinons par le biais du regard des
autres, ou par des répétitions d’échecs ou de comportements inadaptés. Enfouies
profondément en nous, elles peuvent nous encourager ou bien nous imposer des contraintes
en nous rappelant des interdits qui nous ligotent. En travaillant sur soi, on
peut en prendre conscience et décider de les conserver si elles sont bonnes
pour nous et notre entourage, ou de les rejeter si elles sont inadaptées.
Les grands courants de sagesse se
rejoignent sur la nécessité de la pratique du renoncement ; ce n’est qu’en
me dépouillant du superflu que je pourrai atteindre l’essence de ce que je suis
et rejoindre l’autre dans sa vérité. Dans ce domaine, la tradition occidentale,
que ce soit par la bouche de Socrate, d’Epictète le stoïcien, ou celle de Jésus,
formule le même message que Bouddha et Lao Tseu dans la tradition orientale.
Peut-être aussi est-ce pour beaucoup
d’entre nous une question d’âge : pendant la première moitié de sa vie, on
va de l’avant, on découvre le monde et on agit sur lui ; et pendant la seconde
partie, on approfondit, on explore ses vérités intérieures. Et dans ce deuxième
mouvement, on apprend à se dépouiller, à renoncer au superficiel et au superflu
pour aller vers l’essentiel.
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Liens externes :
Le renoncement (Jean-Marc Damien)
Renaud CHEREL
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