Discussion
entre collègues à la pause café.
« C’est
très contradictoire, remarque Anne : d’un côté les entreprises ne veulent
pas embaucher des jeunes sous prétexte qu’ils n’ont pas d’expérience, et de
l’autres elles licencient des seniors qui ont cette expérience, car elles
jugent qu’ils ne peuvent plus s’adapter aux changements.
- Oui,
les choses évoluent, répond Bruno. Du temps de mes grands parents, on restait
toute sa vie dans le même emploi, et l’expérience était valorisée ; les
anciens apprenaient aux jeunes les ficelles du métier. Mais aujourd'hui, la
créativité et l’innovation sont prioritaires, et avoir trop d’ancienneté dans
une même activité peut être considéré comme un handicap.
- C’est
vrai pour la concurrence entre entreprises, ajoute Gabriel : quand on est
passé de la photo argentique au numérique, certaines de celles qui avaient le
plus d’expérience, comme Kodak, ont finalement déposé le bilan, devancées par
d’autres, complètement nouvelles sur le marché de la photo, mais plus
innovantes, comme Sony.
- Cette
tendance n’est pas limitée à la vie professionnelle, constate Édith. Avant,
l’expérience de la vie était censée apporter une certaine sagesse qui était
valorisée dans la société. Aujourd’hui, au contraire, la jeunesse est
valorisée, on cherche à rester jeune et le fait d’avancer en âge est considéré
comme une déchéance. »
Qu’est-ce
que l’expérience ? C’est une connaissance de la vie acquise par des situations
vécues, et dont on a tiré des enseignements. Il ressort de cette définition que
l’expérience s’acquiert en deux temps : dans un premier temps, réceptif,
je reçois des informations de la réalité, je vis une situation dont certains
éléments (ou la totalité) sont nouveaux ou inconnus pour moi. Puis vient un
second temps, plus actif, pendant lequel j’analyse ce que j’ai vécu pour en
tirer des leçons ou adapter mes comportements à l’avenir dans des situations
semblables. Ces deux démarches ne sont pas forcément conscientes et
verbalisées : l’enfant qui se brûle en approchant sa main du feu en tire
une expérience, sans pour autant avoir fait un raisonnement explicite.
« La
sagesse est fille de l’expérience. » disait Léonard de Vinci.
Ainsi définie, l'expérience est irremplaçable : personne ne peut faire mon expérience à ma place. Mon expérience personnelle est le fruit de la confrontation entre d'une part ce que je suis, avec ma personnalité, mon histoire, mon environnement propre, et d'autre part les événements qui me touchent.
Le problème, dans une société qui évolue sans cesse et très rapidement, c’est que les stratégies mises en place et consolidées pour faire face à un certain type d’environnement se trouvent vite obsolètes quand l’environnement est modifié. Par conséquent, ce sont les individus ou les groupes les plus souples et les plus adaptables qui s’en sortiront le mieux.
Le problème, dans une société qui évolue sans cesse et très rapidement, c’est que les stratégies mises en place et consolidées pour faire face à un certain type d’environnement se trouvent vite obsolètes quand l’environnement est modifié. Par conséquent, ce sont les individus ou les groupes les plus souples et les plus adaptables qui s’en sortiront le mieux.
Mais
la capacité à s’adapter est elle-même, au moins en partie, le fruit de
l’expérience ; même si certains individus sont plus adaptables que
d’autres, cette capacité n’est pas totalement innée. Et si personne ne peut
transférer vraiment sa propre expérience à autrui, on peut cependant
transmettre des outils : nous le verrons dans le prochain article.
Vous pouvez lire aussi dans ce blog des articles sur la même thématique :
Acquérir la maîtrise
Changement et blocages
Résistance au changement
Transmettre son expérience
Être informé n'est pas connaitre
Renaud CHEREL
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