Le cerveau humain est un ensemble extrêmement complexe qu’on
commence seulement à comprendre. Il comporte environ 100 milliards de neurones,
entourés par dix fois plus de cellules gliales. On a longtemps pensé que seuls
les neurones intervenaient dans les processus cérébraux, les cellules gliales
assurant soutien et nutrition. Mais des découvertes récentes montrent que ces
dernières jouent un rôle important, notamment pour les nouveaux apprentissages.
Un neurone présente des ramifications, les dendrites, qui sont en communication avec celles des autres neurones par les synapses. Comme chaque neurone peut avoir des dizaines de milliers de dendrites, le nombre de connexions est très élevé et celui des combinaisons possible entre celles-ci est astronomique !
Le cerveau est divisé en deux hémisphères, reliés entre eux,
mais qui ne fonctionnent pas exactement de la même façon. Pour plus de 90% des
gens, l’hémisphère gauche est davantage verbal, analytique, logique,
séquentiel, dominateur, alors que l’hémisphère droit est plus spatial, global,
instinctif, dominé, il nuance et relativise. Les émotions affectent les deux, mais
seul le gauche peut dire pourquoi, contrôler ou inhiber les émotions.
L’hémisphère droit gère plutôt les émotions négatives, le gauche les émotions
positives : les lésions de l’hémisphère gauche génèrent de l’anxiété,
celles du droit génèrent de l’euphorie, de l’indifférence affective et l’anosognosie :
le sujet dont l’hémisphère gauche est intact n’est pas conscient des troubles
de l’hémisphère droit.
En observant les conséquences de lésions du cerveau, les
médecins ont identifié des zones spécialisées dans différentes tâches : au
XIXe siècle, Broca avait ainsi identifié plusieurs dizaines d’aires.
Mais les techniques récentes d’observation non intrusive du cerveau ont fait
beaucoup progresser nos connaissances. Selon Gazzaniga, notre cerveau est organisé
comme une fédération de modules indépendants. Par exemple, quand j’achète des
pommes, un module s’occupe de la catégorie générique « fruits »,
alors qu’un autre s’occupe des pommes que je choisis individuellement. C’est
comme s’il y avait en nous différentes parties en dialogue, voire en conflit.
Ces modules sont définis par leur fonction et non par leur
localisation : les neurones d’un module peuvent être répartis dans des
zones très éloignées du cerveau. Un peu comme la fabrication de l’Airbus, où
les éléments sont fabriqués par des milliers de sous-traitants et assemblés
dans différentes usines réparties dans plusieurs pays. Mais le cerveau d’une
seule personne est encore plus complexe que ces milliers d’ateliers et d’usines !
Selon le neurologue américain Goldberg, l’hémisphère gauche crée
des stratégies mentales correspondant à des situations répétitives, alors que
le droit est plus spécialisé dans le traitement de la nouveauté. Ainsi, progressivement
nous accumulons, essentiellement dans le cortex frontal gauche, des routines
mobilisant peu de ressources, permettant de répondre efficacement à certaines
situations. En vieillissant, notre cerveau gauche acquiert plus d’importance
que le droit : nous utilisons plus facilement des routines et notre
comportement peut se rigidifier. Mais si nous continuons d’apprendre des choses
nouvelles, notre cerveau droit, créatif et innovant, reste actif ; alors
nous gardons la même efficacité mentale – voire l’améliorons – grâce aux
routines stratégiques accumulées dans notre cerveau gauche.
Avec l'âge, l'apprentissage est plus lent, mais le cerveau s'appuie davantage sur des routines stratégiques rapides et efficaces. |
Renaud CHEREL
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Notre intelligence est multiple
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