Sortir de soi pour créer une relation (Le Petit Prince et le Renard) |
Une chose est certaine : notre « dedans » ne
peut pas physiquement exister sans la présence d’un « dehors », et il
ne peut pas se maintenir sans prélever constamment des ressources dans ce
« dehors » : notre corps ne peut survivre sans consommer de l’air,
de l’eau, de la nourriture. Mais il ne survivra pas non plus sans restituer à
l’extérieur un certain nombre de déchets ; il y a donc continuellement des
échanges entre le « dedans » et le « dehors », et cela est
vrai pour tous les organismes vivants.
Si nous considérons maintenant les activités proprement
humaines, mentales, psychologiques et spirituelles, nous pouvons faire le même
constat : ces activités ne peuvent se maintenir que par un échange continu
avec l’extérieur. Pour me développer en tant qu’être humain, j’ai besoin d’être
en contact avec le monde, de recevoir des stimuli, des informations, des
manifestations d’émotions et j’ai aussi besoin d’émettre des opinions, des
questions, des émotions. L’immense majorité des humains que nous sommes a
besoin d’échanges continus, même si quelques individus exceptionnels sont
capables de s’en passer pendant une partie de leur vie, comme les ermites ou
certains yogis.
Nous avons besoin d’échanger, certes, mais en protégeant
notre intériorité : un échange équilibré suppose d’avoir les moyens de
résister aux tentatives éventuelles d’intrusion, d’envahissement ou
d’accaparement de la part de l’autre. Mais sans tomber dans la fermeture, le
repli sur soi, la méfiance indue qui risquent de conduire à l’isolement.
Inversement, cela suppose de savoir résister aux tentations
de posséder ou contrôler l’autre ou de vouloir tout savoir de lui : il est
nécessaire que chacun puisse conserver son jardin secret. Et c’est là que la
difficulté surgit : la ligne de frontière est étroite entre l’ouverture à
l’autre et la réserve nécessaire pour protéger notre intimité, entre la trop
grande discrétion et le risque d’envahissement ; fluctuante, cette
frontière est sans cesse négociée en fonction du statut de l’autre et de notre
degré d’implication avec cette personne.
Cette négociation est délicate et difficile, notamment dans
les situations de crise, et chacun de nous est amené à en traverser. Mon
expérience m’amène à constater que beaucoup de difficultés auxquelles nous
sommes confrontés ne viennent pas tant des situations en elles-mêmes que de
notre façon de gérer nos relations avec les autres dans ces circonstances.
Dans notre société actuelle, les possibilités de
communication sont infiniment plus vastes qu’elles n’ont jamais été. Mais cela
ne va pas sans revers ; la quantité ne remplace pas la qualité, et le
nombre d’« amis’ dans les réseaux sociaux d’une personne n’est pas
forcément proportionnel à la qualité de ses relations. Il me semble important
de préserver un certain nombre de relations autres que superficielles, qui
m’engagent et qui engagent l’autre, et en qui je peux faire confiance.
Renaud CHEREL
Message en rapport avec le thème dans ce blog :
Chaleur humaine
Reformulation
Compétition et concurrence
Tutoiement et vouvoiement
Les neurones miroirs
Amitié
Liens externes :
Le blog de Bernard Romain (Article à propos d'Édith Stein : intériorité et altérité).
Renaud CHEREL
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