Anna : « Ce garçon, il me faisait tout un cinéma pour rien ! Tu vois, là, j’étais rouge de colère. En un clin d'œil, j’ai considéré la situation et, sans l'ombre d'un doute, je lui ai répondu vertement d’aller voir ailleurs, lui et ses idées noires. »
Barbara : « Écoute, Anna, j’entends bien ce que tu me dis ; à vrai dire, je sais que tu as ton franc-parler, je dirais même que tu as la langue bien pendue. Mais je ne vais pas mâcher mes mots : quand je t’entends parler ainsi, je me demande si tu ne devrais pas un peu tenir ta langue… »
Nadine intervient : « Moi j’en ai plein le dos de vos discussions, je sens que vous êtes à côté de vos pompes toutes les deux et ça me démolis. Moi aussi j’en ai bavé, mais j’ai encaissé le coup, j’ai fait la part des choses et je ne reste pas plantée là, à sentir les autres tirer les ficelles… »
Cette conversation – un peu caricaturée pour les besoin de l’exemple ! – nous montre qu’Anna a fortement privilégié le registre visuel, tandis que Barbara préférait celui de l’audition ; quant à Nadine, elle s’exprimait presque uniquement dans le registre des sensations. Quoi de plus banal, me direz-vous ? Oui, mais cela a des conséquences importantes dans nos relations avec les autres : si ces trois amies continuent d’échanger chacune dans leur registre respectif, il y a de fortes chances qu’au bout d’un certain temps elles aient l’impression de ne pas se comprendre mutuel-lement, de ne plus s’entendre, au sens premier du terme. Leur relation risque de s’en trouver détériorée.
Prendre conscience de mes registres privilégiés, c’est une première étape pour mieux communiquer avec autrui. La seconde étape consistera à repérer les registres employés par mes interlocuteurs, de façon à être plus en empathie. Enfin, l’étape suivante sera de m’adapter à l’autre en utilisant le ou les registres sensoriels qu’il préfère dans cette situation particulière, quitte à changer de registre à un moment clé de la conversation – car nous pouvons bien sûr changer de registre selon les circonstances. Et là – miracle ! – la personne aura le sentiment d’être davantage comprise...
Quant à ceux d’entre nous dont l’activité les amène à communiquer devant des auditoires nombreux, notre communication sera plus efficace si elle a recours, en plus des représentations non spécifiques, purement intellectuelles, au moins aux trois registres sensoriels principaux.
Dans le prochain message (voir Etre présent à mes cinq sens), nous examinerons comment le fait d’être présent à nos sens peut nous aider à vivre mieux.
Renaud CHEREL
Voir aussi dans ce blog :
Dans tous les sens
Nos mains
Nos souvenirs sont liés à nos sens
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