Test des trois passoires |
Socrate avait, dans la Grèce antique, une haute opinion de la sagesse. Quelqu'un vint un jour le trouver et lui dit :
-« Sais-tu ce que je viens d'apprendre sur ton ami ? »
-« Un instant, répondit Socrate. Avant que tu me racontes, j'aimerais te faire passer un test, celui des trois passoires. »
-« Les trois passoires ? »
-« Mais oui. Avant de me raconter toutes sortes de choses sur les autres, il est bon de prendre le temps de filtrer ce que l'on aimerait dire. C'est ce que j'appelle le test des trois passoires. La première passoire est celle de la vérité. As-tu vérifié si ce que tu veux me dire est vrai ? »
-« Non. J'en ai simplement entendu parler… »
-« Très bien. Tu ne sais donc pas si c'est la vérité. Essayons de filtrer autrement en utilisant une deuxième passoire, celle de la bonté. Ce que tu veux m'apprendre sur mon ami, est-ce quelque chose de bon ? »
-« Ah non! Au contraire. »
-« Donc, continua Socrate, tu veux me raconter de mauvaises choses sur lui et tu n'es même pas certain qu'elles soient vraies. Tu peux peut-être encore passer le test, car il reste une passoire, celle de l'utilité. Est-il utile que tu m'apprennes ce que mon ami aurait fait ? »
-« Non. Pas vraiment. »
-« Alors, conclut Socrate, si ce que tu as à me raconter n'est ni vrai, ni bien, ni utile, pourquoi vouloir me le dire ? » (1)
Ce test des trois passoires n’a pas pris une ride depuis Socrate. Pourquoi ne pas le mettre en pratique ? Utiliser les trois passoires, voilà un exercice que je peux me proposer de faire cette semaine ; mais comme je ne peux pas tout changer d’un coup, je choisis de privilégier un domaine :
- par exemple le domaine privé : dans mes relations avec ma famille, mes amis les plus proches, la personne avec qui je partage ma vie...
- ou le domaine des relations sociales : mon quartier, mes relations, les commerçants que je connais bien...
- ou le domaine professionnel : avec mes collègues, mes collaborateurs, mes supérieurs hiérarchiques...
Testez ! Vous serez étonné des résultats !
Renaud CHEREL
(1) Dialogue extrait de La caverne et l’ange gardien.
Bibliographie :
George Lesage : La caverne et l’ange gardien, Éd. Porte-Bonheur, 2004.
Dans ce livre destiné aux jeunes, George Lesage raconte l’aventure de Phil
Eudamonia et de ses camarades lors d’une randonnée au lac Persévérance, en
quête de la pierre philosophale. Dans ce premier tome, ils vivent une périlleuse
épopée où de multiples péripéties viennent entraver leur quête. Mais, dotés de
la " neuvième intelligence ", ils parviennent à contrer la plupart des
dangers, sans que leur voyage ne soit achevé pour autant...
C’est un conte philosophique qui s’inspire de l’allégorie de
la caverne de Platon, où les jeunes héros apprennent à se servir de la "neuvième
intelligence", c’est-à-dire la capacité de se connaître, de se situer, et
d’explorer son rôle dans l’univers à travers des réflexions, et par l’exercice
des vertus et des valeurs fondamentales.
Voir aussi dans ce blog :
Etre inconditionnellement positif
Excès ou modération
Lien externe :
Pour en savoir plus sur la méthode socratique (la maïeutique).
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