Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

mardi 13 décembre 2016

Vive l'écriture!

Vous l’aurez deviné, cher lecteur, j’aime écrire, j’aime utiliser ce merveilleux outil qu’est l’écriture.

Si le langage est une faculté innée – un enfant a besoin d’apprendre sa langue, mais il possède dès la naissance les outils de structuration du langage – l’écriture ne l’est pas. Même si le fait d’écrire peut nous paraître aller de soi, on peut affirmer que l’écriture est une technique parmi d’autres, qui a d’ailleurs été inventée par les humains très tardivement, bien après la maîtrise du feu ou la taille des outils de silex. L’écriture, et la lecture, sa contrepartie, sont d’invention très récente : que représentent cinq mille ans au regard des centaines de milliers d’années de notre préhistoire ? Rappelons que l’Histoire ne commence, par définition, qu’après l’apparition de l’écriture, une invention prodigieuse.

Tablette d'argile avec écriture cunéiforme (Babylone)

Je l’ai toujours pensé, mais j’en suis aujourd'hui encore plus convaincu depuis que je travaille sur ma généalogie familiale. Grâce à l’écriture, pas celle de mes ancêtres qui souvent étaient illettrés, mais celle du maire ou du curé de leur village, ou encore celle du notaire familial, j’ai aujourd'hui accès à des milliers d’informations concernant les grands événements de leur vie, leur cercle de relations, leur métier ou leurs occupations.

Bien sûr, d’autres moyens peuvent nous renseigner sur les activités de nos prédécesseurs : les peintures de Lascaux ou autres sont des témoignages extraordinaires. Mais elle ne nous disent pas ce que pensaient et ressentaient nos lointains ancêtres. Au contraire, en lisant le Journal d’Anne Franck, je peux partager les émotions de cette jeune fille ; en déchiffrant de Catilina, écrit en 63 de notre ère, je peux savourer l’argumentation de ce grand orateur qu’était Cicéron ; en lisant Moby Dick de Melville, je découvre la vie des pêcheurs de baleine du XIXe siècle. 

L’écriture a permis et accompagné les fulgurants progrès de l’humanité. Grâce à l’écriture, nous avons des informations très détaillées sur l’Histoire humaine depuis quelques millénaires. Mais surtout, grâce à l’écriture, qui a permis de transmettre à distance et dans le temps les savoirs d’un individu ou d’un groupe limité, l’humanité a pu progresser de façon fantastique dans la plupart des domaines, de la technique à la philosophie et du commerce à la littérature. Sans parler des religions : sans la Bible, le Coran ou la Bhagavad Gita, que seraient le judaïsme, le christianisme, l’islam ou l’hindouisme ?

Pourtant, comme beaucoup d’autres techniques, l’écriture fut critiquée en ses débuts : il y a environ 2400 ans, Socrate considérait l’écriture comme mauvaise en soi. Ses critiques nous sont d’ailleurs parvenues par le moyen de l’écriture, puisque son opinion nous a été transmise par Platon dans le Phèdre et dans la lettre VII contre l’écriture. Socrate pensait que l’écriture détériorait la mémoire des gens, qui comptaient sur une ressource externe plutôt que sur leurs ressources personnelles : en somme, la pratique de l’écriture affaiblissait l’esprit. Il est amusant de constater que le même genre d’arguments a été repris contre l’imprimerie et, plus récemment, contre l’ordinateur et Internet.

Ne craignons donc pas les nouveaux moyens de communication, et vive l’écriture !

 

Renaud CHEREL

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