Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 16 janvier 2012

Classements et catégories


Nous autres humains, nous avons l’habitude de classer, de ranger, de placer les choses ou les idées dans des cases, dans des boîtes ou des catégories. C’est d’ailleurs une façon très efficace d’augmenter nos connaissances. Le fait même de nommer une chose ou un concept est déjà une façon de classer cette chose dans une catégorie. Cette capacité humaine innée, qui a été longtemps très difficile à reproduire par un ordinateur, s’exerce chez l’enfant dès le plus jeune âge. Ainsi, par exemple, un très jeune enfant classera les animaux à quatre pattes qu’il voit dans la catégorie « toutou » et les véhicules à quatre roues dans la catégorie « auto » ; et même s’il rencontre un animal inconnu qui a peu de ressemblance avec un chien, il le classera plus facilement parmi les « toutous » que parmi les « autos ».
Le classement, une activité spontanée (Dessin R. Cherel)
Au fur et à mesure qu’il grandit, l’enfant affinera de plus en plus ses catégories ; par exemple il va être rapidement capable de regrouper séparément les animaux qui ressemblent à des oiseaux. Cela peut nous paraître évident, et pourtant ce n’est pas si simple. Car en effet, alors même que nous avons intuitivement la notion de ce qu’est un oiseau, il nous faut faire un effort pour définir exactement cette notion, d’en trouver une définition nécessaire et suffisante : est-ce un animal qui vole ? Mais les autruches ne volent pas et sont des oiseaux, tandis que les chauve-souris volent mais ne sont pas des oiseaux. Alors, un oiseau est-il un animal qui pond des œufs ? C’est vrai que tous les oiseaux – à ma connaissance – pondent des œufs, mais inversement les tortues ou les serpents pondent des œufs et ne sont pas des oiseaux. Et ainsi de suite : l’on voit que la définition nécessaire et suffisante d’un oiseau est assez difficile à trouver. En fait, il existe bien un caractère constituant l’apanage des seuls oiseaux, c’est le port de plumes : tous les oiseaux portent des plumes et – à notre époque – aucun autre animal au monde n’en porte. Ceci étant dit, il semblerait que certains dinosaures aient porté des plumes sans être apparentés aux oiseaux, mais ils ont disparu depuis plus de cent millions d’années.

Mais un enfant n’a pas besoin de tout cela : il suffit de lui montrer un oiseau, et il va créer de lui-même une catégorie mentale « oiseau » qu’il va affiner au fur et à mesure que ses connaissances se développent. Et peu à peu il va se construire mentalement un réseau sémantique hiérarchisé : ainsi, la poule appartient à la catégorie des oiseaux et cette dernière est incluse dans la catégorie plus large des animaux.

Grâce à cet outil extraordinaire, les hommes ont pu catégoriser tout ce qui s’offre à la connaissance. Malheureusement, cette merveilleuse capacité à catégoriser, si elle est très efficace, nous joue aussi beaucoup de tours : car nous courons constamment le risque de cataloguer quelqu’un ou quelque chose sur la base d’indices trop fragmentaires.

Nous examinerons cela dans le message suivant : Catégoriser a ses limites.

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Donner un nom
    Généralisation

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