Dans le dernier message de ce blog (voir Quels jeux de rôles jouons nous?), nous constations, à travers quelques
témoignages vécus, combien nous sommes fréquemment poussés à jouer des rôles
dans le quotidien ; et cela nous amène à nous poser la question tant
rebattue : être ou paraître ? Faut-il privilégier l’un au détriment de
l’autre ? Dans notre société où l’image a tant de place, le paraître est crucial
alors qu’au contraire beaucoup de traditions de sagesse privilégient l’être. En
réfléchissant à cette question, il me semble que l’un n’est pas totalement
exclusif de l’autre. Car, comment pourrait-on définir l’être sans aucune
manifestation de son existence, c’est-à-dire sans paraître ? Comment
peut-on être sans paraître et paraître sans être ?
Je ne vois pas l’air qui m’entoure et pourtant je sais qu’il
existe ; mais si je ne le vois pas de mes yeux, l’air n’en est pas moins
accessible à mes sens : il se manifeste à moi par le sens du toucher
lorsqu’il est en mouvement, et par ailleurs la science dispose d’instruments
capable d’analyser sa composition et ses propriétés.
Il en va de même pour tous les objets inaccessibles à nos
sens, mais que les scientifiques ont pu identifier et décrire en utilisant les
outils appropriés. Jusqu’à un passé très récent, personne n’avait jamais vu le
moindre atome, mais les savants avaient déduit leur existence des propriétés de
la matière. Et puis un jour on a mis au point le microscope à effet tunnel,
technique assez fine qui a permis de visualiser des atomes individuels.
Quant aux idées, aux rêves, tout ce qui s’agite dans la
sphère mentale : sont-ce des choses accessibles par nos sens ? D’une
certaine manière, oui : elles m’apparaissent sous forme d’images, de
sensations, de raisonnements. Et même les plus hautes expériences spirituelles
se manifestent de manière sensible ; les grands mystiques racontent leurs
expériences spirituelles d’abord par des ressentis, des visions, des images,
des sensations…
En psychologie, certaines théories sont allées très
loin : selon les comportementalistes, notre personnalité serait
strictement liée à nos comportements ; en d’autres termes, nous sommes ce
que nous faisons, peu importent nos motivations intérieures. À partir de là,
les plus radicaux affirmaient que ce qui n’est pas accessible par l’étude
comportementale n’existait pas, donc il n’y avait pas d’activités mentales, la
conscience n’existait pas. La motivation constituait le caractère énergétique
du comportement mais pas son orientation : le comportement n’était que le
résultat d’apprentissages plus ou moins complexes. Ces notions, qui sont
considérées comme dépassées aujourd'hui, ont toutefois fortement influencé
certains des courants actuels de la psychologie comme le cognitivisme.
Les relations entre personnes s’inscrivent inéluctablement
dans un jeu d’émissions et de perceptions dans lequel aucun des interlocuteurs
n’est complètement maître des images véhiculées. La perception que nous avons
les uns des autres est forcément fragmentaire, transitoire et souvent fort
influencée par nos interprétations. Inversement, on n’est jamais sûr de l’image
que les autres perçoivent de nous, même quand on a l’impression d’être
parfaitement authentique.
Ainsi donc, être et paraître me semblent intimement liés ;
mais l’essentiel ne serait-il pas dans la recherche d’une cohérence entre mon
image et ce que je suis ?
Renaud CHEREL
Ce message vous a plu ? Vous pouvez voir aussi dans ce blog :
Quels jeux de rôles jouons-nous?
Etre et avoir
Suis-je ce que j'ai ?
Les critères de beauté physique
Égocentrisme et égoïsme
Renaud CHEREL
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