Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 23 avril 2012

Etre et paraître


Dans le dernier message de ce blog (voir Quels jeux de rôles jouons nous?), nous constations, à travers quelques témoignages vécus, combien nous sommes fréquemment poussés à jouer des rôles dans le quotidien ; et cela nous amène à nous poser la question tant rebattue : être ou paraître ? Faut-il privilégier l’un au détriment de l’autre ? Dans notre société où l’image a tant de place, le paraître est crucial alors qu’au contraire beaucoup de traditions de sagesse privilégient l’être. En réfléchissant à cette question, il me semble que l’un n’est pas totalement exclusif de l’autre. Car, comment pourrait-on définir l’être sans aucune manifestation de son existence, c’est-à-dire sans paraître ? Comment peut-on être sans paraître et paraître sans être ?

Je ne vois pas l’air qui m’entoure et pourtant je sais qu’il existe ; mais si je ne le vois pas de mes yeux, l’air n’en est pas moins accessible à mes sens : il se manifeste à moi par le sens du toucher lorsqu’il est en mouvement, et par ailleurs la science dispose d’instruments capable d’analyser sa composition et ses propriétés.

Il en va de même pour tous les objets inaccessibles à nos sens, mais que les scientifiques ont pu identifier et décrire en utilisant les outils appropriés. Jusqu’à un passé très récent, personne n’avait jamais vu le moindre atome, mais les savants avaient déduit leur existence des propriétés de la matière. Et puis un jour on a mis au point le microscope à effet tunnel, technique assez fine qui a permis de visualiser des atomes individuels.

Quant aux idées, aux rêves, tout ce qui s’agite dans la sphère mentale : sont-ce des choses accessibles par nos sens ? D’une certaine manière, oui : elles m’apparaissent sous forme d’images, de sensations, de raisonnements. Et même les plus hautes expériences spirituelles se manifestent de manière sensible ; les grands mystiques racontent leurs expériences spirituelles d’abord par des ressentis, des visions, des images, des sensations…

En psychologie, certaines théories sont allées très loin : selon les comportementalistes, notre personnalité serait strictement liée à nos comportements ; en d’autres termes, nous sommes ce que nous faisons, peu importent nos motivations intérieures. À partir de là, les plus radicaux affirmaient que ce qui n’est pas accessible par l’étude comportementale n’existait pas, donc il n’y avait pas d’activités mentales, la conscience n’existait pas. La motivation constituait le caractère énergétique du comportement mais pas son orientation : le comportement n’était que le résultat d’apprentissages plus ou moins complexes. Ces notions, qui sont considérées comme dépassées aujourd'hui, ont toutefois fortement influencé certains des courants actuels de la psychologie comme le cognitivisme.

Les relations entre personnes s’inscrivent inéluctablement dans un jeu d’émissions et de perceptions dans lequel aucun des interlocuteurs n’est complètement maître des images véhiculées. La perception que nous avons les uns des autres est forcément fragmentaire, transitoire et souvent fort influencée par nos interprétations. Inversement, on n’est jamais sûr de l’image que les autres perçoivent de nous, même quand on a l’impression d’être parfaitement authentique.

Ainsi donc, être et paraître me semblent intimement liés ; mais l’essentiel ne serait-il pas dans la recherche d’une cohérence entre mon image et ce que je suis ?

Renaud CHEREL




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