La plupart des jugements que nous portons sur autrui se
basent sur les comportements que nous observons. Par exemple telle personne
parle haut et fort, avec une gestuelle large : on va l’étiqueter
« vantarde » ou « m’as-tu vu » ; telle autre reste en
retrait, intervient peu dans la conversation : c’est une
« timide » ou une « introvertie ».
Le fait qu’un certain nombre d’écoles psychologiques – et
même la plupart d’entre elles – s’appuient sur les comportements des individus
pour en tirer des diagnostics ou des profils de personnalité n’est pas
anodin : elles sont héritières du comportementalisme, ou behaviorisme,
approche qui a dominé le champ de la psychologie pendant des décennies.
Le behaviorisme, tel que défini par son fondateur,
l’américain John Broadus Watson, doit se limiter aux comportements observables
et mesurables en se débarrassant, sur le plan théorique, de toutes les
interprétations qui font appel à des notions telles que la conscience ou
l’imagination et en condamnant, sur le plan méthodologique, l’usage de l’introspection.
Selon les tenants de cette théorie, les comportements d’un individu sont
uniquement déterminé par son environnement et l’histoire de ses interactions
avec son milieu.
En utilisant cette approche comportementaliste de la
psychologie humaine, on a, à mon avis, laissé de côté une part de ce qui
justement nous caractérise en tant qu’êtres humains : la volonté, la
liberté de choix. Pourtant, l’approche de la psychologie par les comportements
n’est pas la seule envisageable : un petit nombre d’écoles s’appuie sur
l’analyse des motivations des sujets, ce qui est assez différent. En effet,
deux personnes peuvent poser le même acte tout en ayant des motivations très différentes,
voire même opposées. Cependant, dans le cadre d’une approche scientifique,
l’analyse des motivations est beaucoup plus délicate que celle des
comportements, car seul le sujet peut dire quelle est sa motivation, laquelle
est bien plus difficilement mesurable qu’un geste ou un comportement. Par
ailleurs, pour de nombreuses raisons – conscientes ou inconscientes – le sujet
peut cacher ses réelles motivations, ou les dévoiler partiellement. Ces
difficultés liées à la subjectivité ont conduit la plupart des chercheurs à
s’orienter sur des aspects comportementaux, plus accessibles aux mesures et aux
comparaisons.
Le cognitivisme, courant de psychologie qui se dit opposé au
behaviorisme, se fonde sur la thèse suivante : la pensée est un processus
de traitement de l’information. Elle est décomposable en processus mentaux
distincts, chacun d’eux étant modélisable en tant qu’entité relativement autonome.
Les caractéristiques de ces processus mentaux sont alors accessibles indirectement
par des expériences dans lesquelles le comportement reste la principale
variable expérimentale. La psychologie cognitive part du principe que l’on peut
inférer des représentations, des structures et des processus mentaux à partir
de l’étude du comportement. Mais contrairement au béhaviorisme, elle défend que
la psychologie est bien l’étude du mental et non du comportement.
Pour ma part, je reste persuadé que la personne humaine
dépasse ces dimensions et n’est pas réductible à du mental ou à des
comportements : il y a en elle une part transcendante, une part de mystère
qui n’est pas accessible à l’analyse scientifique. Qu’en pensez-vous ?
Renaud Cherel
Cet article vous a plu ? Vous pouvez aussi trouver dans ce bloc d'autres articles sur le même thème :
Observation et jugement
Vivre ensemble
Renaud Cherel
Cet article vous a plu ? Vous pouvez aussi trouver dans ce bloc d'autres articles sur le même thème :
Observation et jugement
Vivre ensemble
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire