Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 29 avril 2013

Heuristiques


J’aime bien jouer au Sudoku, ce jeu logique où l’on doit trouver des chiffres de 1 à 9 pour remplir une grille de 81 cases. En plus de faire fonctionner mes neurones, je tire de la résolution des problèmes présentés par une grille de Sudoku des enseignements pour la vie de tous les jours. Comment cela ?

Eh bien, lorsque je joue au Sudoku, je suis contraint d’utiliser, successivement ou de façon concomitante, plusieurs types de logiques, connaissant les règles de base : une ligne quelconque de la grille doit contenir tous les chiffres de 1 à 9 ; de même pour une colonne, et pour chacun des carrés de 9 cases composant la grille. À partir de ces règles, une case peut être remplie moyennant différents procédés : en trouvant le chiffre manquant sur une série horizontale de trois lignes ou verticale de trois colonnes ; ou bien par élimination, sachant qu’aucun des 8 autres chiffres ne peut convenir dans cette case ; ou bien encore par approches successives, en écartant les lignes et les colonnes dans lesquelles le chiffre ne peut pas se trouver, etc. En pratique, je commence par utiliser les stratégies qui me semblent les plus simples – en réalité, ce sont celles qui me sont les plus familières, pas forcément les plus simples objectivement – puis je passe progressivement à des stratégies plus élaborées, jusqu’à ce que la grille soit totalement remplie.

Or, dans la vie de tous les jours, je m’aperçois que j’ai tendance – et peut-être cela vous arrive-t-il aussi – à utiliser un peu toujours les mêmes stratégies, celles qui me sont familières et dont je sais qu’elles sont généralement efficaces. Effectivement, nos stratégies habituelles, celles qui ont été éprouvées par notre expérience depuis de nombreuses années, donnent des résultats satisfaisants dans la plupart des situations que nous rencontrons – mettons dans 90% des cas. Malheureusement, dans les 10% de cas restants, nos stratégies habituelles ne fonctionnent pas. Comment réagissons-nous alors ? Par expérience, j’ai constaté qu’on pouvait avoir tendance à recourir à la même stratégie, mais en l’amplifiant, en lui donnant plus de force. Je me souviens d’une situation concrète illustrant ce fonctionnement. C’était dans une petite ville du sud-ouest de la France où je résidais : un monsieur anglais demande son chemin à un passant, et celui-ci lui répond en français. Comme l’Anglais lui fait signe qu’il n’a pas bien compris, le Français répète ses explications en parlant plus fort ! Mais cela ne change rien à l’affaire, l’Anglais ne comprend pas, et finit par s’en aller au hasard.

C’est aussi ce qui peut nous arriver parfois, si nous n’y prenons pas garde. Dans l’exemple que je viens de citer, il aurait fallu que le Français change de vocabulaire, qu’il utilise d’autres mots plus faciles ; et si cela ne fonctionnait pas, qu’il s’exprime par gestes, dont on peut penser que la compréhension est plus universelle.

On peut parler alors d’heuristique, c’est-à-dire d’un processus d'apprentissage dans lequel l’opérateur se sert de ses découvertes pour inventer, pour concevoir de nouvelles façons de faire. À chacun de construire ses heuristiques !

Exemple de carte heuristique réalisée pour apprendre un cours de psychologie !

Pour aller plus loin... (ajouté le 3 juin 2013)

Suite à la demande de plusieurs lecteurs, voici une méthode simple pour réaliser une carte heuristique (ou schéma heuristique) sur une thématique donnée.

La carte heuristique a été inventée par un pédagogue anglais, Tony Buzan, alors qu’il travaillait avec des enfants en situation d’échec. Cet outil est utile pour synthétiser par exemple un discours entendu, un texte lu, un cours à apprendre…

Principe de la carte heuristique


La technique est simple : il s'agit de placer le thème au centre, puis de tracer sous forme de lignes rayonnantes les idées principales autour de ce thème (notées sur l'exemple ci-dessus IP1, IP2, IP3). Chacune de ces lignes peut être ensuite ramifiée pour figurer les idées secondaires qui s'y rattachent (notées ci-dessus de IS1.1 à IS3.4).

La carte heuristique peut être illustrée de couleurs ou de formes pour délimiter des zones correspondant à de grandes parties du discours ou du texte à synthétiser. Par ailleurs, on peut aussi mettre en évidence les liens entre les idées par des flèches (ici, une flèche en pointillés noirs). Avec l’habitude, vous pouvez agrémenter vos cartes heuristiques de toutes sortes de manières selon votre imagination.

L’approche par carte heuristique s’avère particulièrement utile aux personnes visuelles, mais aussi à tout un chacun. En effet, elle correspond bien au fonctionnement du cerveau, qui ne procède pas selon un mode linéaire. De plus, elle sollicite les deux hémisphères cérébraux : le gauche, concerné par le détail des mots et leur signification ; le droit, plus sensible aux formes et à la globalité de la présentation. Il est avéré que cette méthode favorise la mémorisation, qui fonctionne selon un processus associatif. Enfin, elle stimule l’imagination créative.
Si vous cherchez à mieux comprendre et mémoriser un texte, un discours, quels que soient vos objectifs et votre âge, essayez la carte heuristique ! Vous serez peut-être surpris par les résultats…


Renaud Cherel



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Bibliographie :
Nicolas FRANCK : Entraînez et préservez votre cerveau - Plus de vitalité cérébrale, éd. Odile Jacob, Paris, 2013, 221 pages


Le Pr. Nicolas Franck, psychiatre au CHU de Lyon, explique de manière simple, dans une première partie de cet ouvrage, la façon dont notre cerveau est structuré, comment il fonctionne, le rôle de la mémoire et des émotions. Dans une seconde partie, il montre comment notre cerveau est impacté par différents éléments de notre mode de vie, tels que l’alimentation, le sport, la télévision, la musique, les relations sociales ou les jeux vidéo. 

Liens externes :
    http://www.efh.fr/    Le site de l'Ecole Française de l'Heuristique

lundi 22 avril 2013

Élagage

élagage d'automne

On pratique l’élagage des arbres en supprimant les branches superflues, en général en automne, pour leur donner une forme plus harmonieuse ou tout simplement nettoyer l’arbre et éviter que des parasites ne s’y installent. L’élagage est aussi pratiqué pour des questions de sécurité : on va couper les branches mortes avant qu’elles ne chutent afin d’éviter les accidents.

En fait l’élagage est un processus parfaitement naturel : en forêt, lorsque les arbres sont serrés, les branches les plus basses, ne recevant pas assez de lumière, meurent rapidement et tombent au bout de quelque temps. Ce processus permet à l’arbre de réserver davantage d’énergie à sa croissance en hauteur ; il donne des peuplements plus réguliers et plus homogènes. Par ailleurs, les branches mortes tombées au sol ne sont pas perdues : leur décomposition alimente un grand nombre d’espèces animales et végétales, et les produits de cette décomposition serviront d’engrais aux arbres, qui récupèrent ainsi les éléments nutritifs qu’ils avaient perdu.

Plus largement encore, les scientifiques ont découvert assez récemment que ce type de processus était extrêmement répandu chez les êtres vivants ; on le nomme apoptose. Ainsi, chez l’embryon humain, les mains et les pieds sont palmés à leur formation ; les doigts n’acquièrent leur forme définitive qu’à la suite de la mort programmée des cellules situées dans les zones intermédiaires. De la même façon, notre cerveau va former sa structure par apoptose de régions précisément délimitées. À l’intérieur de notre corps, des cellules inutiles sont détruites par milliers à chaque instant, et leurs constituants récupérés par l’organisme : il ne s’agit pas de nécrose mais de mort programmée et parfaitement contrôlée. Autrement dit, il semble que les processus de mort fassent naturellement partie du développement et du maintien de la vie.

Dans un domaine un peu différent, on peut dire que l’oubli est une forme d’élagage qui nous permet de nous débarrasser mentalement de souvenirs inutiles et de ne conserver que l’essentiel. Selon les personnes, selon leur histoire et les traumatismes qu’elles ont vécus, cet élagage sera plus ou moins sévère et son effet pourra être ressenti comme stimulant ou, au contraire, handicapant.

Je vous propose aujourd'hui d’étendre au sens figuré ce concept d’élagage à la personne humaine toute entière et à son développement personnel. Alors, cela me renvoie à des questions concernant ce que j’ai : est-ce que je n’ai pas à me débarrasser de certaines choses superflues ? De possessions qui, finalement, m’encombrent et ne me rendent pas service ? Lesquelles ? Comment vais-je m’y prendre pour m’en séparer ?

Je peux me poser les mêmes questions par rapport à ce que je suis : me faut-il élaguer certaines choses en moi ? Est-il nécessaire de faire mourir certaines parts de moi-même afin de grandir, de mieux me développer dans mon intelligence, ma sensibilité, ma spiritualité ? Si la réponse à ces questions est oui, il me reste à discerner : qu’est-ce que j’aurais besoin d’élaguer ? Et quand est-ce que je commence ?


Renaud Cherel


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    Frugalité
    Pratiquer le renoncement

lundi 15 avril 2013

Construire l'image de soi


Dans le message précédent, nous avons vu combien l’image de soi dépendait de l’image que nous renvoient les autres de nous-mêmes. La représentation que l’on se fait de soi-même quant à son physique et à ses capacités dans tous les domaines est très subjective. Cette image mentale n’est pas toujours très réaliste, cependant nous y croyons.

L’image de soi a pu être déformée pour différentes raisons. Par exemple, de nombreuses expériences ont montré que les attentes des professeurs vis-à-vis de leurs élèves influaient sur les performances de ces derniers. Mais cette influence est contrebalancée par les attentes perçues par le jeune dans d’autres domaines. Par exemple, s’il est apprécié et considéré dans sa famille, il sera plus résistant au regard dépréciatif d’un enseignant. Inversement, si les jugements qu’il perçoit dans les différents domaines de sa vie sont tous négatifs, il lui sera beaucoup plus difficile de conserver une bonne image de soi.

Dans le domaine de l’image mentale corporelle, c’est-à-dire l’image que l’on a de son propre corps, le matraquage publicitaire, qui nous impose à travers les médias des modèles au physique idéalisé, peut contribuer à cultiver une mauvaise image de soi. Pour tenter de ressembler à ces modèles, cela peut conduire certaines personnes à des troubles de comportement graves, comme l’anorexie ou la boulimie.

Dans le domaine affectif aussi, l’image de soi peut être affectée par les succès ou les échecs relationnels que nous avons vécus auparavant, ce qui peut nous rendre plus timide ou plus hésitant pour initier de nouvelles relations.

Ainsi, l’image que nous avons de nous-mêmes influe sur nos comportements, notre capacité d’agir, notre enthousiasme, lesquels influenceront en retour le regard des autres sur nous… Nous nous inscrivons alors dans une sorte de spirale : le regard que nous portons sur nous-mêmes et celui que les autres portent sur nous s’influencent réciproquement. Comment s’en sortir ?

Dans les cas les plus sévères, il est conseillé d’entamer une psychothérapie.
Dans d’autres cas, des ajustements peuvent apporter de bons résultats. Voici quelques suggestions :

Vous pouvez faire appel à une aide extérieure, par exemple :        
- Suivez quelques séances de coaching ;      
- S’il s’agit d’une mauvaise image corporelle, prenez conseil auprès d'une esthéticienne ou d’une spécialiste en relooking ;        
- Faites des séances d’art-thérapie.  

Vous pouvez aussi travailler sur vous-même :        
- Appuyez-vous sur vos succès passés. Rappelez-vous une occasion où vous avez eu le sentiment d’avoir réussi : comment vous y êtes-vous pris ? Quelles étapes avez-vous franchies ? Quelles étaient vos émotions à ce moment-là ?           
- Cessez de vous comparer aux autres, réjouissez-vous plutôt de ce que vous avez de bon en vous.   
- Faites des projets, rêvez de ce que vous pourriez faire. Pensez à la façon dont vous aimeriez mener votre vie. Fixez-vous des objectifs et établissez un plan d’actions. N’oubliez pas de célébrer vos succès.          
- Faites des activités que vous aimez, avec d’autres : du sport d’équipe, de la musique dans un orchestre ou une chorale, du bénévolat dans une association… En apportant quelque chose de positif aux autres, vous vous faites du bien à vous-même.


Renaud Cherel



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    Image de soi image des autres
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    Sentiment de culpabilité

lundi 8 avril 2013

Image de soi, image des autres



Karen est très sensible aux encouragements qui lui donnent de l’énergie pour avancer ; inversement, elle se trouve facilement touchée par les critiques d’autrui, qu’elle conserve longtemps en mémoire. Il lui arrive de ruminer interminablement sur une remarque ou une attitude qu’elle a perçue comme négative, avant de réagir d’une façon qui peut interloquer la personne en face, laquelle avait oublié l’incident depuis longtemps. Cette sensibilité est encore accrue si l’auteur de la critique est une personne avec Karen cultive des relations fortes. C’est pourquoi ses conflits seront plus intenses, plus exacerbés avec ses proches qu’avec les étrangers.

Ernestine, de son côté, a souvent tendance à se méfier des compliments ou des commentaires positifs qu’on lui fait, et elle va chercher à déceler d’éventuelles intentions négatives derrière la façade avenante qui lui est présentée : « Qu’est-ce qu’il est en train de me cacher, celui-là ? » se demande-t-elle. Chez Ernestine, plus l’image d’elle-même est mauvaise, plus elle aura tendance à interpréter négativement les intentions des autres ; à l’inverse, quand elle se sent « bien dans sa peau », cette méfiance naturelle tend à s’estomper.

Grégoire, quant à lui, se montre assez indifférent aux réactions des autres, tout occupé qu’il est à foncer dans son projet, dont la réussite vaut bien quelques dommages collatéraux : « on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs ! » a-t-il coutume de répéter. Franc et direct, il ne prend pas de gants pour exprimer ce qu’il pense, persuadé que cela lui permet d’agir plus efficacement. En agissant ainsi, il peut se faire des ennemis mais il n’en n’a cure. Cependant, il peut lui arriver après coup de constater une ampleur des dégâts qu’il n’avait pas soupçonnée et d’en être sincèrement navré.

Chez nous les êtres humains, êtres sociaux, les questions d’image sont très intriquées ; l’image que l’on a de soi dépend en grande partie de celle que nous renvoient les autres de nous-mêmes. Certaines personnes sont plus sensibles que d’autres à ce jeu de miroirs.

L’estime de soi influe grandement sur la façon dont on accepte ou non son image. Souvent, ceux qui se sentent « bien dans leur peau » ont plutôt une bonne image d’eux-mêmes. Une bonne estime de soi va de pair avec l’acceptation de sa propre image physique. À l’inverse, les personnes qui ont plus ou moins perdu leur estime de soi ont en général du mal à accepter leur image physique ; elles peuvent même avoir du mal à se regarder dans une glace.

Par ailleurs, le fait d’améliorer son apparence a des répercussions nettes, et même parfois spectaculaires, sur l’estime de soi. Pour exemple, l’action d’associations d’aide au retour à l’emploi : elles proposent de « relooker » des femmes en situation difficile, qui avaient négligé leur apparence depuis longtemps. Pendant une journée, tout y passe : coiffure, maquillage, habillage, chaussures, avec à la clé un regain de confiance en soi. Entre le matin et le soir, les femmes changent de regard sur elles-mêmes, elle se disent plus féminines et plus belles, et cela leur redonne de l’assurance, par exemple pour aborder des entretiens d’embauche.

Et vous, quelle image avez-vous de vous-même ?


Renaud Cherel


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    Croyances et relations sociales
    Les plus beaux sont-ils les meilleurs?
    Les critères de beauté physique
    Égocentrisme et égoïsme

lundi 1 avril 2013

Le printemps attendu

Tapisserie "Le printemps" - Dom Robert

Voici que la longueur des jours va augmentant
dépassant peu à peu la durée de la nuit :
l’équinoxe inscrit là le début du printemps.
Après avoir subi un hiver plein d’ennui
maussade et très pluvieux, qui n’en finissait pas,
impatients nous guettons, entre les giboulées
proverbiales de mars, les signes du trépas
du général Hiver : enfin voir débouler
l’hirondelle et le martinet, là dans les cieux
de nos contrées, et puis dans les prés découvrir
la primevère et le coucou au port gracieux,
la jonquille d’or et le narcisse s’ouvrir !

Mais nous ne sommes pas complètement sortis
de cet hiver si long : averses et coups de vent
alternent trop souvent avec froid ressenti.
Pourtant, la nature s’ébroue : je vois devant
ma fenêtre les bourgeons des arbres gonfler
et j’entends des oiseaux les gazouillis joyeux.
Allez, Monsieur Printemps, cessez donc de ronfler,
sortez de la torpeur, enfin ouvrez les yeux
venez nous apporter un peu de réconfort !
Vivement la chaleur des rayons du soleil
venant à point nommé caresser notre corps,
éveiller notre esprit engourdi de sommeil !

Printemps : du renouveau, de nouvelles envies,
des désirs, des desseins, une curiosité
pour ce qui s’offre à nous, un appétit de vie
de sentir et d’aimer !… Disponibilité
à tout ce qui est neuf, belle envie d’entreprendre
sur des projets nouveaux, pas encore ordonnés
sans craindre de tomber, sans crainte de surprendre,
semer des graines qui germeront pour donner
à l’automne des fruits riches et savoureux –
à condition bien sûr d’être bien travaillés.
Le printemps, c’est aussi le temps d’être amoureux
de chanter, de danser : allez-y, essayez !



Renaud Cherel


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    Printemps