Horloge astronomique de Prague (Photo R. Cherel) |
Beaucoup de philosophes et de savants se sont penchés sur cette question sans pouvoir apporter de réponse. Selon la théorie de la relativité, le temps est un paramètre dont la mesure dépend de la vitesse de l’observateur et de sa proximité avec un objet massif. Mais cette approche scientifique est assez loin de notre notion habituelle du temps et de ses conséquences concrètes !
En effet, il nous faut gérer le temps que nous vivons au jour le jour, encombrés par nos contraintes et nos humeurs changeantes. Le temps ressenti dans ces moments n’est plus le temps mathématique, mesuré en fractions de milliardièmes de seconde par des dispositifs de plus en plus précis. Subjectivement, il nous arrive de vivre des moments où le temps semble passer très lentement. Personnellement, je me souviens d’avoir assisté à un accident sur la route, une voiture en face de moi a quitté la chaussée mouillée et a fait plusieurs tonneaux dans un champ en contrebas. J’ai vu en détails la voiture se retourner lentement et son toit s’aplatir, une fois puis deux fois, un peu comme dans un film au ralenti, avant de s’arrêter. L’événement, qui s’est passé en quelques secondes, m’a paru durer plusieurs minutes.
Dans d’autres occasions, au contraire, quand par exemple nous sommes absorbés dans une tâche qui nous passionne, nous n’avons plus conscience du temps : alors qu’il nous semble avoir commencé il y a quelques instants, nous nous apercevons que le temps a passé très vite : « Je n’ai pas vu passer le temps : trois heures se sont écoulées sans que je m’en rende compte… » De la même façon, bien des personnes âgées trouvent que le temps passe aujourd'hui plus vite que pendant leur jeunesse. Beaucoup d’expressions du langage quotidien signifient ainsi un temps considéré comme un flux qui nous entraîne avec lui : la notion de temps, qui fait intervenir l’idée du passage d’un point à un autre, est donc intimement mêlée à celle de distance.
Il existe des hypothèses permettant d’expliquer cet effet subjectif d’un écoulement variable du temps : quand le cerveau a beaucoup d’événements à traiter (par exemple lors d’un accident), il y consacre davantage de ressources attentionnelles et les choses semblent se dérouler plus lentement. Avec l’âge, nous rencontrons moins de situations nouvelles, donc moins d’événements à traiter, et le temps semble passer plus vite. Et il est intéressant de noter qu’on retrouve là un temps individuel s’opposant au temps universel, et qui rejoint, mais d’une autre manière, les concepts issus de la science moderne.
Parfois aussi le temps est comme une denrée que l’on trouve, que l’on possède, que l’on perd : « J’ai trouvé du temps pour faire cela. J’ai gagné du temps. Je prends mon temps. J’ai un peu de temps, un rien de temps. Je n’ai pas le temps. J’ai perdu mon temps ; il me faut rattraper du temps. Donne-moi un peu de temps. Du temps partagé.… »
Mais dans tous les cas, on ne peut pas maîtriser le temps ; on ne peut que le vivre… avec plus ou moins de bonheur. Si plus que jamais, à notre époque, nous nous plaignons de manquer de temps, peut-être pouvons-nous nous poser la question de savoir comment nous vivons le temps qui nous est accordé ?
La fuite du temps (Georges Remi) |
Renaud CHEREL
Voir la suite : Gérer son temps
Voir aussi dans ce blog :
Chacun son rythme
Se situer dans le temps
Valeur produite et temps passé
1 commentaire:
Un sujet plein de sagesse et de phylosophie...
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