Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 30 septembre 2013

La projection, mécanisme de défense

La projection est un mécanisme de défense, essentiellement imaginaire, qui consiste à se débarrasser de pensées, désirs ou sensations pénibles ou agressives que l’on ressent en les attribuant aux autres ou au monde extérieur. On projette dans les autres – ou dans la situation – se qui se passe en soi : ses peurs, ses propres images, ses propres intentions…

Comme une image est projetée sur le paysage, notre mental
peut projeter des éléments internes sur l'extérieur.
Poussé à l’extrême, ce processus peut aller jusqu’à la haine, le sentiment de persécution et le délire. Mais sans aller si loin, tout un chacun peut, à un moment ou à un autre, utiliser la projection pour se protéger.

Siméon est très énervé ; il avait rendez-vous avec son épouse pour aller dîner, mais celle-ci arrive avec un quart d’heure de retard : « Eh bien, comment se fait-il que tu sois en retard ? Tu étais où ? Avec qui ? » À partir de quelques indices – en plus d’être en retard, sa femme est joliment habillée ce soir – mais aussi de sa propre peur de la perdre, Siméon est déjà en train de se dire qu’elle le trompe, il se sent envahi par le soupçon et la jalousie.

Yvonne ne peut pas supporter de se retrouver enfermée dans un espace restreint : « J’ai l’impression que les murs vont se refermer sur moi… Je vais être écrasée, c’est étouffant… » Impossible pour elle de visiter les souterrains d’un château médiéval ou des lieux de ce genre, c’est trop angoissant.

Lionel est persuadé que son voisin lui veut du mal : « Il a sorti la poubelle ce matin juste avant que je parte au travail, uniquement pour m’embêter : j’ai été obligé de faire un détour. » Son voisin ne peut pas lui adresser la parole, ni même le regarder, sans que Lionel n’interprète son attitude de façon négative.

Le manque de confiance en soi peut être un moteur de ce mécanisme de projection : puisque je ne me sens pas en sécurité, la meilleure façon de me défendre, c’est d’imaginer le pire : ainsi, si le pire arrive, je ne serai pas pris au dépourvu.

La relation avec une personne qui a tendance à utiliser la projection peut se compliquer quand elle a projeté sur vous quelque chose de trop positif, quand elle vous a idéalisé. En effet, si vous ne vous en rendez pas compte aussitôt – vous n’êtes qu’un humain après tout – un beau jour, vous faites une erreur et à ses yeux vous tombez de très haut, vous devenez moins que rien. Alors cette personne va vous rendre responsable de la perte de l’image qu’elle avait de vous, elle va se sentir trahie et vous en fera subir les conséquences. « Comment, toi que je croyais si bien, tu as pu me faite une chose pareille, à moi qui t’admirais ? »

Il est donc important, dans la relation avec une telle personne, d’attirer sa vigilance sur le fait que vous êtes humain et faillible, et non pas parfait. Car une fois la trahison ressentie, c’est vraiment très difficile de rattraper la chose. 



Renaud Cherel



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lundi 23 septembre 2013

Les mécanismes de défense psychologique

Tous les êtres vivants, pour survivre, doivent se protéger contre les agressions de leur environnement, que ce soient des éléments physiques comme les écarts de température ou le manque d’eau, ou bien des attaques de prédateurs ou de concurrents. En ce qui concerne les êtres humains, ils semblent a priori bien peu protégés : ils n’ont pas d’épaisse fourrure pour se préserver du froid, ils ne disposent pas de canines acérées ou de cornes redoutables pour se défendre contre les animaux sauvages, ni de cuir épais pour se prémunir contre les piqûres d’insectes… on pourrait ainsi continuer la liste de ce qu’ils n’ont pas. Par contre, sur le plan mental, ils ont développé un arsenal considérable qui leur permet de faire face à la plupart des situations.

Comme les Romains installaient différents systèmes de défense
autour de leurs camps fortifiés, ainsi faisons-nous pour protéger
notre identité personnelle.
C’est ainsi que nous disposons de très nombreuses ressources intérieures pour faire face à la vie, pour nous défendre de tout ce qui pourrait nous agresser, mais aussi maintenir le sens de notre identité et nous sécuriser. Ces ressources peuvent aussi nous aider à nous épanouir, quelles que soient les conditions dans lesquelles nous vivons.

Les spécialistes appellent ces ressources intérieures les « mécanismes de défense ». Ceux-ci sont très nombreux, puisque le psychologue Alain Braconnier en dénombre vingt-sept. Cependant, depuis notre tendre enfance, nous avons eu tendance à n’en privilégier qu’un nombre restreint, et souvent à ne recourir qu’à ceux-là, qui nous sécurisent, au détriment de tous les autres. Ces mécanismes de défense opèrent généralement à l'arrière-plan, sans que nous en ayons vraiment conscience, mais deviennent particulièrement actifs quand nous nous sentons menacés. C’est un peu comme si nous avions recours à une gamme automatique de réactions, sans pouvoir en sortir ; et il peut nous arriver, après coup, de regretter notre réaction et nous dire : « Mais pourquoi donc ai-je réagi comme cela ? Ce n’était vraiment pas la meilleure façon de faire, mais je n’ai pas pu m’en empêcher ! » Ainsi, même si ces mécanismes préférentiels ont pu nous être utiles à une période antérieure de notre vie, le fait d’avoir restreint notre palette de réponses peut nous être défavorable aujourd'hui.

À l’extrême, l’usage excessif du même mécanisme dans pratiquement toutes les situations peut être considéré comme pathologique. Ainsi, Serge a tendance à interpréter tout intervention d’autrui comme agressive ; si on lui dit « il fait beau aujourd'hui », il va chercher quelle est la critique voilée de cette phrase et si on lui offre un cadeau, il va y trouver une mauvaise intention cachée. Il utilise le mécanisme de projection, en prêtant à son interlocuteur des intentions négatives qu’il n’a pas forcément. En conséquence de quoi, il n’a pas d’amis et beaucoup de ses relations le fuient.

Comme la projection, certaines stratégies défensives peuvent avoir des conséquences dommageables pour notre vie relationnelle. Inversement, d’autres mécanismes de défense ont des conséquences plutôt heureuses en nous permettant de réduire les tensions. C’est le cas de l’humour, la sublimation, l’affirmation de soi, l’anticipation, l’action, le recours à autrui, l’auto-observation.

Nous pourrons examiner ces mécanismes dans les semaines et les mois à venir.


Renaud Cherel



Alain Braconnier, dans Protéger son soi pour vivre pleinement, définit 27 mécanismes de défense, répartis en trois groupes. Dans le premier, baptisé « efficacité maximale », il regroupe ce qu’il appelle les défenses « heureuses » : des forces intérieures qui préservent le bien-être de la personne. Dans le second, intitulé « Prise sur soi », il rassemble des ressources dont l’efficacité est partielle et dont l’utilisation représente un certain coût psychologique. Dans le troisième, « Dernier recours », il rassemble des mécanismes que l’on peut utiliser en situation extrême mais qui s’avèrent très nocifs à forte dose.
J'ai noté en bleu les mécanismes abordés dans ce blog.

Groupe « Efficacité maximale »
Rassemble 7 mécanismes, qui ne sont pas considérés comme pathologiques :
1. Humour : Moyen de parvenir à éviter une situation pénible pour soi ou pour les autres grâce à une plaisanterie ou à un mot d’esprit.
2. Sublimation : Mécanisme permettant de détourner la satisfaction interdite des pulsions vers une activité ou une réalisation acceptable et socialement valorisée.
3. Auto-observation : Outil permettant de se donner le temps de la réflexion pour ne pas réagir trop affectivement ou impulsivement.
4. Affirmation de soi : Fait d’exprimer clairement et directement ses sentiments et ses souhaits sans angoisse excessive ou culpabilité.
5. Anticipation : Mécanisme consistant à imaginer des solutions ou des situations futures susceptibles d’atténuer le stress engendré par la prévision de problèmes à venir.
6. Action : Fait de recourir à l’action utile et réfléchie, sans tomber dans l’activisme ou céder au passage à l’acte impulsif.
7. Recours à autrui : Capacité à rechercher l’aide et le soutien de quelqu’un d’autre que soi pour faire face à une situation difficile.
Remarque:
Alain Braconnier cite l'action comme mécanisme de défense; d'autres auteurs y ajoutent l'activisme ou suractivité qui poussaient être classés dans le groupe "prise sur soi".

Groupe « Prise sur soi »
Ce groupe rassemble 14 mécanismes :
1. Identification : Mécanisme consistant à s’attribuer inconsciemment un aspect de l’autre que l’on désire posséder par l’attrait qu’il représente pour soi.
2. Séduction : Mécanisme permettant d’apaiser ses tourments ou la crainte de l’autre en suscitant un intérêt, un attrait ou une complicité.
Ce mécanisme n’est pas cité par la plupart des auteurs.
3. Mise à l’écart : Consiste à éviter de penser momentanément aux choses désagréables. Alain Braconnier le différencie du refoulement par le niveau de la mise à l’écart : ici, les objets mis à l’écart sont atteignables par le conscient, alors que dans le refoulement, ils sont rejetés dans l’inconscient.
Ce mécanisme n’est pas cité par la plupart des auteurs.
4. Intellectualisation : Consiste à contrôler, par un usage excessif de réflexion, de généralisation ou d’abstraction, les représentations gênantes pour éviter de ressentir ce qu’on éprouve en réalité. À un degré de plus, c’est la rationalisation qui, à la différence de l’intellectualisation, déforme la réalité : les pensées et les sentiments internes sont dissimulés derrière des explications rassurantes mais erronées et parfois même incompréhensibles aux autres.
5. Refoulement : Opération consistant à rejeter et conserver dans l’inconscient les représentations inacceptables. C’est le mécanisme le plus général chez l’être humain et le plus anciennement décrit. Il peut être considéré comme un processus psychique universel en tant qu’il serait à l’origine de la constitution de l’inconscient comme domaine séparé du reste du psychisme.
6. Déplacement : Consiste à séparer une représentation pénible de son affect, l’affect étant reporté, par connexion associative, sur une autre représentation plus acceptable.
Pour les freudiens, ce type de phénomènes est particulièrement repérable dans l’analyse du rêve et, d’une façon générale, dans toute formation  de l’inconscient.
7. Fuite : Mécanisme qui permet de s’épargner la rencontre d’une représentation pénible de soi et/ou des autres.
8. Altruisme : L’altruisme n’est pas en soi un mécanisme de défense mais il peut le devenir, quand il s’agit de pratiquer la générosité pour trouver de la satisfaction en soi. Peut conduire au piège de la dépendance.
Ce mécanisme n’est pas cité par la plupart des auteurs.
9. Formation réactionnelle ou inversion des sentiments : Attitude consistant à retirer l’énergie portant sur des représentations inquiétantes pour la contre-investir dans un comportement acceptable et diamétralement opposé.
10. Isolation : Consiste à penser sans rien ressentir, à séparer la représentation pénible de son affect, l’affect étant refoulé tandis que la représentation demeure consciente, mais privée de toute connexion associative.
11. Annulation rétroactive : Consiste en une marche arrière, le fait d’annuler, après énonciation, certaine représentations pénibles au moyen d’actes ou de pensées qui sont mis à la place.
12. Somatisation : Mécanisme consistant à utiliser son corps pour exprimer une plainte ou un mal-être et ainsi demander de l’aide.
13. Rêverie solitaire/autistique : Fait de se réfugier dans son imaginaire, à ses fantasmes, pour contrebalancer l’angoisse suscitée par la réalité telle qu’on la perçoit.
14. Idéalisation et dépréciation : Fait d’attribuer à soi ou à autrui des qualités exagérées. La dépréciation est l’attitude défensive inverse.
Remarques : 
L’introjection est un mécanisme non cité par Braconnier mais présent chez d’autres auteurs. Par ce mécanisme, le sujet fait passer des objets, avec leurs qualités, du « dehors » au « dedans » de soi.

Groupe « Dernier recours »
6 mécanismes :
1. Agressivité passive : Exprimer son ressentiment par une position passive et une manière détournée d’atteindre l’autre.
2. Passage à l’acte : Substituer à la réflexion ou au vécu des sentiments un acte impulsif destiné à décharger les tensions.
3. Régression : Retourner aux stades antérieurs de l’enfance.
4. Clivage : Considérer les autres, et soi-même, comme entièrement bons ou entièrement mauvais, avec uniquement des qualités ou uniquement des défauts, mais jamais les deux ensemble.
5. Projection : Refuser les sensations pénibles et agressives que l’on ressent en les attribuant aux autres ou au monde extérieur. Processus qui peut aller jusqu’à la haine, le sentiment de persécution et le délire.
6. Déni : Nier, partiellement ou totalement, la réalité, psychique ou externe, d’une perception liée à une représentation pénible. Peut aller jusqu’au délire, c’est-à-dire à la création d’une néoréalité plus acceptable.

Bibliographie

Alain BRACONNIER : Protéger son soi pour vivre pleinement, éd. Odile Jacob, 2010. 
Psychiatre et psychologue, l’auteur nous présente dans ce livre les principaux mécanismes de défense que nous utilisons pour nous protéger (il en dénombre 27). Le Dr BRACONNIER montre que nous avons souvent tendance à nous limiter à un nombre très restreint de ces défenses, quelle que soit la situation. Dans cet ouvrage, il nous explique comment utiliser toute la palette de ces défenses à bon escient, en choisissant quelle ressource intérieure mobiliser selon les circonstances. 

Un livre très éclairant.


lundi 16 septembre 2013

Améliorer l'estime de soi


Améliorer l’estime de soi ne se fait pas en un claquement de doigts, évidemment ! Pour progresser, il me semble nécessaire de passer par plusieurs étapes successives :

- Où en suis-je ?
D’abord, établir ce que l’on pourrait appeler un diagnostic : où est-ce que j’en suis ? Il est très rare que l’on se trouve « nul » partout et toujours : même si je déprime aujourd'hui, il y a certainement eu des moments dans le passé où je me sentais bien. Quels sont les situations où je me sens à l’aise, où mon estime de moi est bonne, et inversement les situations où c’est tout le contraire ? Le mieux est de prendre des exemples précis, à la fois dans mon passé ancien et récent, pour éventuellement prendre conscience de mes comportements répétitifs.

De la même façon, identifier la façon dont je réagis face aux autres, quand ils me font des compliments ou au contraire des critiques. Dans quels domaines j’aime qu’on m’apprécie ? Mon apparence physique ? Mes performances sportives ? Mes qualités intellectuelles ? Ma sensibilité et mes qualités de cœur ? Ou bien suis-je surtout sensible au fait qu’on m’aime globalement, pour ce que je suis ? (C’est ce qu’on appelle la reconnaissance inconditionnelle).

Lister les signes de reconnaissance que je reçois régulièrement. Est-ce qu’il y en a assez ? Sinon, lesquels est-ce que j’aimerais recevoir ? Et quels sont les signes négatifs que je ne veux pas ? Enfin, lister les signes que j’envoie aux autres : sont-ils généralement positifs ou négatifs ?

- Où est-ce que je veux aller ?
Ayant établi le constat précédent, je peux imaginer la façon dont je me comporterais si j’avais une très bonne estime de moi. Cet exercice va me permettre d’identifier les domaines à travailler pour m’améliorer : qu’est-ce que je pourrais changer ? Précision : une bonne estime de soi n’est pas synonyme de vanité ou de forfanterie. Au contraire, le besoin d’étaler ses mérites est lié à une insécurité intérieure.

- Quels moyens vais-je utiliser pour y arriver ?
Un moyen simple pour améliorer son estime de soi, c’est de donner aux autres ce que l’on aimerait recevoir soi-même : un compliment, un geste, une aide…

Autre moyen : apprendre à recevoir les critiques constructives. Pour cela, travailler sur une critique reçue récemment. Distinguer ce qui concernait ma personne et mon comportement ; refuser la première (critique inconditionnelle) et voir si effectivement il y a des choses à améliorer dans ma façon de faire. Si oui, en tirer parti et remercier la personne de sa critique constructive.

Quelle est mon exigence vis-à-vis de moi-même ? Si elle est très élevée, n’y a-t-il pas des circonstances où je pourrais baisser la pression ? Dois-je systématiquement être parfait(e) dans tous les cas ? Je peux probablement me donner la permission de faire « moins que parfait » dans certains domaines moins essentiels. Inversement, si mon exigence est basse, je peux focaliser mon énergie sur quelques domaines essentiels.

Pour avancer, un coaching peut aussi être utile…


Renaud Cherel


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Bibliographie :


HAWKES Laurie: 50 exercices d’estime de soi, éd. Eyrolles, Paris 2009. 126 pages.


Les éditions Eyrolles proposent une série de petits livres en forme de carnet intitulés "50 exercices..." Facilement transportables, ils proposent des exercices concrets permettant de se poser les bonnes questions sur une thématique donnée.
Celui-ci ne déroge pas à la règle. Dans cet opuscule, Laurie Hawkes, psychologue et psychothérapeute exerçant en France, propose des exercices inspirés de sa pratique quotidienne. Ceux-ci permettent de se questionner sur soi et sur son rapport aux autres, et les réponses possibles sont assortis de commentaires. Le tout est inspiré de l’analyse transactionnelle.

lundi 9 septembre 2013

Estime de soi et confiance en soi

Notre personnalité comporte du noir, du blanc,
différentes couleurs et c'est bien ainsi...
Les notions d’estime de soi et de confiance en soi sont assez proches l’une de l’autre, et souvent confondues. On peut cependant les différencier de la façon suivante :

L’estime de soi représente combien je me considère valable ; elle est axée sur le présent. L’estime de soi a quelque chose à voir avec l’être.

Jules camoufle la vérité pour éviter une discussion avec son épouse, alors qu’il est pour la transparence. Il n’est pas très fier de lui-même car il sent bien qu’il y a une incohérence entre ses valeurs et son comportement : ce faisant, il baisse dans son estime personnelle.

Simone se trouve moche et ne peut pas se regarder dans la glace ; elle a des cheveux raides, elle les préfèrerait bouclés ; elle se trouve trop grosse, alors qu’elle est tout à fait dans la moyenne. Elle a une faible estime de soi.

La confiance en soi représente combien je me considère capable ; elle est donc davantage axée sur le futur. Puisque je prédis que j’ai ce qu’il faut pour affronter une situation, je me sens davantage en sécurité. La confiance en soi a quelque chose à voir avec le faire.

Noëlle, qui vient d’intégrer un nouveau poste, ose donner son opinion devant tous ces gens qu’elle pense plus compétents qu’elle, parce qu’elle se sent capable d’assumer ses responsabilités. Elle a une bonne confiance en soi.

Yvonick est alcoolique ; très conscient de ce qui lui arrive, il s’estime faible, incapable, et il boit davantage pour oublier son anxiété. Il manque de confiance en soi.

Dans la réalité, on constate bien souvent que les deux sont liées l’une à l’autre : Marcellin a abandonné la bouteille pour affronter ses problèmes, avec l’aide d’une association. Ayant décidé de faire face à sa réalité, il a davantage confiance en soi et son estime de soi se trouve grandie.

L’estime de soi est une notion fragile et changeante, qui peut augmenter ou diminuer selon les circonstances et les périodes de notre vie. Elle retentit fortement sur la qualité de nos relations. Lorsqu’on a une opinion de soi négative, il difficile de croire en l’amour de l’autre : il n’y a qu’un être de peu de valeur qui puisse s’attacher à une personne aussi insignifiante que moi. À l’inverse, une bonne estime de soi conduit à une meilleure sécurité personnelle, qui facilite le dénouement des problèmes de la vie intime.


Si j’ai une bonne estime de moi, je me sens moins facilement menacé, plus rarement sur la défensive. Alors, je consomme moins d’énergie à rechercher sécurité et confirmation de ma propre valeur dans les yeux d’autrui. Mes relations avec les autres gagnent en richesse et en profondeur. Dans ce que j’entreprends, je m’accorde le droit de réussir et j’y consacre les efforts nécessaires. Je rentre dans un cercle vertueux où je gagne de la confiance en moi : les échecs ne sont plus des catastrophes à éviter mais des leçons desquelles je tire profit.

Peut-on améliorer son estime de soi ? Oui, nous le verrons semaine prochaine.

Renaud Cherel


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Bibliographie :

CHALVIN Marie-Joseph : L'estime de soi. Apprendre à s'aimer avec ou sans les autres, éd. Eyrolles, Paris 2007 (1e édition 2005). 246 pages. 
L'auteure, spécialiste de l'analyse transactionnelle, développe son propos de manière très pédagogique. Elle commence dans une première partie par définir ce qu'est l'estime de soi en tant que relation entre soi et les autres. Puis elle examine les origines et les mécanismes de celle-ci et de son contraire, la mésestime de soi. Enfin, dans une troisième partie, elle propose un certain nombre de moyens concrets pour entretenir et réparer son estime de soi au quotidien.

J'ai bien aimé les grilles proposées au lecteur pour évaluer son niveau d'estime de soi en général puis dans différents domaines (couple, famille, vie professionnelle...)
Par contre je n'ai pas été convaincu par les explications données dans le chapitre "Les altérations de l'estime de soi".
Globalement un livre que j'ai bien apprécié. 

lundi 2 septembre 2013

L'observateur intérieur ou la pleine conscience

"La grande famille" de René Magritte
Tout ce que nous percevons par nos sens (la vue, l’ouïe, les sensations, l’odorat et le goût) passe par le filtre de nos émotions et de notre jugement. Nos schémas de pensée et nos émotions dictent la façon dont nous prenons conscience de la réalité et la façon dont nous l’interprétons, y compris notre relation à nous-mêmes et au monde. Ils influencent nos croyances au sujet du monde, de notre capacité à y agir, de notre confiance en soi.

C’est pourquoi le fait d’identifier et de nommer ses émotions et sentiments, de mettre de l’ordre dans ses pensées et de chercher à comprendre leurs cheminements, tout cela permet de prendre du recul par rapport à des difficultés qui pouvaient de prime abord paraître insupportables. De la même façon, nous pouvons apprendre et tirer parti de nos échecs, à condition d’être capable de les analyser et de réfléchir à ce qui s’est passé en nous quand nous les avons vécus.

Différentes approches proposent de développer l’observateur intérieur ou la « pleine conscience », une forme de conscience séparée des pensées, des sentiments et sensations ordinaires. Le fondateur de la mindfulness ou « méditation de pleine conscience », Jon Kabat-Zinn, définit sa méthode par cette simple phrase : « Prêter attention aux phénomènes de manière intentionnelle, sur le moment présent, et sans porter de jugement. » En PNL (Programmation neuro-linguistique), on parle de position méta.

Dans toutes ces approches, l’idée centrale est la même : il s’agit d’atteindre un état où l’individu peut se regarder vivresans jugement, observer ses pensées, ses émotions, ses sensations avec une certaine distance, un peu comme un film projeté sur un écran. Non impliqué dans le film, l’observateur intérieur reste neutre. Évidemment, cet état ne s’acquiert pas du jour au lendemain : des exercices répétés permettent de l’atteindre progressivement.

L’intérêt ? Il peut nous arriver de constater que, face à certaines situations, nous réagissons de façon automatique : nous réactions nous échappent, nous ne sommes plus le pilote de nos comportements. « C’était plus fort que moi… », « Je n’ai pas pu m’empêcher de… », disons-nous alors. Ces façons automatiques de réagir nous ont été très utiles dans beaucoup de circonstances de la vie ; mais peut-être ne sont-elles plus adaptée à la situation présente ? Plus notre capacité d’auto-observation se développe, plus nous découvrons combien nous sommes figés dans nos pensées, nos sentiments, nos sensations, et plus nous constatons le peu de contrôle que nous avons sur eux. En même temps, nous développons une compassion, tant envers nous-mêmes qu’envers les autres.

Avec l’habitude, le recours à l’observateur intérieur nous permet de prendre acte du moment où nous réagissons en mode automatique et d’acquérir une meilleure maîtrise de soi : prenant conscience que je suis sur le point de réagir de ma façon habituelle, je peux décider de choisir une autre stratégie ou bien au contraire de conserver celle-ci, qui est bien adaptée. Des essais cliniques menés par certains médecins montrent que cette approche améliore le stress, l’anxiété, certaines maladies chroniques et la gestion de la douleur.


Renaud Cherel



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