Sur ce dessin, distinguez-vous un musicien ou un visage ? |
Cette
ambiguïté de la langue, en tant qu’ensemble articulé de mots, est souvent
présentée comme un inconvénient qui peut faire obstacle à la clarté de ce qui
est dit. C’est vrai dans une certaine mesure, et cela peut conduire à des
interprétations erronées ou à des contresens ayant parfois des conséquences
graves, quand il s’agit par exemple de l’exécution d’une tâche dans un domaine
sensible : une opération militaire, le contrôle du trafic aérien, une
intervention chirurgicale... D’où la nécessité d’utiliser des procédures avec
un vocabulaire défini à l’avance, dans un contexte précis. Dans la vie
courante, ou dans les métiers de relations humaines, la reformulation est un
excellent outil pour lever les ambiguïtés : en reformulant avec mes
propres mots ce que j’ai entendu, je m’assure d’avoir saisi le sens voulu par
mon interlocuteur.
Les
langages artificiels conçus par l’homme pour communiquer avec les machines sont
formalisés et non ambigus. Mais en travaillant sur l’intelligence artificielle,
les spécialistes se sont aperçu que les langages informatiques classiques, non
ambigus, limitaient considérablement la souplesse de réaction de la machine
face à des stimuli variés : c’est ainsi que l’on a été amené par exemple à
poser les notions de logique floue, qui permettent de raisonner sur des
variables qualitatives et non pas quantitatives.
À
l’inverse, s’il n’existe pas de langage naturel humain sans ambiguïté, c’est
que cette propriété permet de mieux approcher le réel avec toutes ses nuances.
Voyant une tomate rouge foncé, je dis que cette tomate est très mûre. Si je
voulais étudier plus scientifiquement l’état de maturité de la tomate, il me
faudrait définir par exemple une échelle de couleurs allant du vert au rouge
foncé, puis attribuer un libellé à chaque couleur et enfin situer la couleur de
ma tomate sur cette échelle. Je dirais à mon collègue : « La maturité
de cette tomate correspond à l’indice 18.4 dans l’échelle de Tartempion ».
Pourtant, dans la vie courante, l’expression subjective « très
mûre », qui n’a probablement pas le même sens pour mon interlocuteur que
pour moi, lui permet d’approcher suffisamment le sens de ce que je voulais
dire.
D’où
l’on voit qu’une certaine ambiguïté est nécessaire à la communication… Qu’en
pensez-vous ?
Renaud Cherel
Renaud Cherel
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Si
vous êtes intéressé(e) par la logique floue, vous pouvez lire l’article introductif
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