La résistance sera d’autant plus forte que la part de réalité modifiée sera importante aux yeux du sujet. À l’inverse, plus il peut s’approprier le changement et plus sa résistance sera faible.
C’est pourquoi il est important de préparer le changement
dans le détail et de façon participative avec les intéressés, quitte à ce que
le changement final soit altéré par rapport au projet initial.
Avant même de communiquer, il s’agit en premier lieu pour le
responsable de considérer le changement à travers les yeux de chacun des
collaborateurs ou de chaque grande catégorie de salariés. Autant que faire se
peut, il ne va pas partir de son point de vue personnel, mais considérer le
changement avec les lunettes des personnes concernées par le changement, avec
leur vision du monde : que pensent-ils gagner et que pensent-ils perdre
dans l’affaire ? A quoi risquent-ils de s’opposer lorsque le changement
sera proposé : au contenu, à la personne qui porte le projet, à la
perception du pouvoir qu’ils peuvent avoir ? Un élément important à
considérer est l’aspect collectif : on sait bien qu’une résistance
collective est toujours plus forte que la somme des résistances individuelles
qui la composent. Un compromis proposé à un collectif aura donc plus de risques
d’être refusé que s’il est négocié individuellement : c’est pourquoi il
est essentiel de chercher à anticiper l’effet de groupe.
Selon sa personnalité, chacun peut réagir de façon
différente à l’annonce d’un changement.
Prisca se méfie et va chercher à voir derrière les
apparences quelles peuvent être les motivations de l’initiateur du changement.
Elle essaye d’en discerner les conséquences négatives et va élever un certain
nombre d’objections, dont la prise en compte pourra souvent améliorer le
projet.
Théophile n’aime pas la monotonie et il a tendance à
rechercher le changement : il sera spontanément plus enclin à considérer
les aspects positifs du changement proposé, à condition bien sûr qu’il puisse
en voir.
Pierre-Julien est attentif aux explications, il a besoin de
comprendre les tenants et les aboutissants du changement proposé : si
celui-ci lui paraît justifié sur un plan rationnel, il y a de grandes chances
qu’il accepte sans problème.
Rose peut s’opposer par principe, surtout si elle a
l’impression qu’on cherche à lui imposer ce changement par la force : elle
peut alors développer une énergie considérable à résister, quitte à y laisser
des plumes.
Loïc peut acquiescer de prime abord ; mais, ayant
réfléchi, ou bien ayant écouté d’autres points de vue, il peut faire machine
arrière, voire même se mettre en résistance passive.
Le manager a tout intérêt à se mettre à l’écoute de ces
différentes réactions. Alors, les résistances rencontrées pourront devenir
autant de moteurs pour avancer, à condition de discuter et être prêt à
négocier. Au manager de fixer le cap, la direction à prendre ; en
revanche, la question du comment y parvenir peut largement tenir compte des
objections, surtout de la part de ceux qui connaissent le terrain.
Ainsi, le manager sera directif sur l'objectif fixé, mais
souple quant à la manière de l'atteindre.
Renaud Cherel
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