Yvette est assise, en train d’écouter une conférence ;
l’orateur vient de prononcer le mot « balançoire » et aussitôt, elle
se revoit petite fille installée sur la balançoire dans le grand jardin de sa
grand-mère : son frère la poussait de plus en plus haut, jusqu’à ce
qu’elle pousse des cris de frayeur… Quand elle revient mentalement dans la
salle, le conférencier a poursuivi son propos, et il faut quelques instants à
Yvette pour comprendre de quoi il parle : elle s’aperçoit qu’elle a perdu
le fil de la causerie.
Théodore se presse pour attraper son train ; tout en
marchant, il est déjà mentalement à son bureau, en train d’anticiper la façon
dont il va traiter les dossiers en cours. Ce faisant, il n’a pas vu la voiture
qui arrivait au moment où il traversait la rue, et se voit ramené à la réalité
par un puissant coup de klaxon.
Soline a l’habitude de faire un petit détour, en allant au
travail en voiture, pour déposer sa fille devant l’école. Le premier jour des
vacances scolaire, en se retrouvant devant l’école, elle réalise qu’il n’y a
pas classe aujourd'hui – d’ailleurs sa fille n’est pas dans la voiture – elle
aurait donc pu s’épargner ce détour.
Philibert est au volant, et son regard est accroché par la
voiture de police qui vient de passer dans l’autre sens, gyrophares allumés.
Cela lui rappelle instantanément la fois où il s’est fait arrêter sur
l’autoroute pour excès de vitesse : il revoit mentalement la mine
renfrognée du CRS qui l’interpellait… Mais pendant ce temps, Philibert n’est
pas vraiment en train de conduire et sa sécurité dépend de la qualité de ses
réflexes ; heureusement, cela ne dure qu’un instant, et son attention
retourne sur la route… pour être happée un peu plus loin par autre chose.
Papillon butinant une fleur de knautia (photo R. Cherel) |
« Et alors, me direz-vous, en quoi est-ce
gênant ? »
Simplement, à cause de cette activité intérieure, qui fait
partie de ce que Blaise Pascal appelle la distraction, nous risquons de passer
à côté d’une partie de notre vie, de réduire sa valeur et son sens. Nous
pouvons même passer à côté d’expériences très précieuses, comme de ne pas être
en lien avec ceux que nous aimons, de ne pas admirer la beauté de ce lever de
soleil ou de ne pas ressentir la caresse du vent sur notre peau…
Car nous
n’avons que des instants à vivre.
Renaud Cherel
Ce message vous a plu ? Vous pouvez voir aussi dans ce blog :
Améliorer sa qualité de présence
Se recentrer dans l'ici et maintenant
L'observateur intérieur ou la pleine conscience
La nostalgie n'est plus ce qu'elle était
Renaud Cherel
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