Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 13 mai 2013

Écorce des arbres, écorce des hommes


J’aime bien me promener dans les bois, me retrouver au contact de la nature. C’est souvent là, d’ailleurs, que naissent mes idées de sujets pour écrire, entre autres… En me promenant ainsi dans les bois, il m’arrive parfois de toucher l’écorce d’un arbre, voire d’en caresser le tronc pour ressentir ce contact brut, cette énergie primaire qui parcourt ce grand être vivant. Chaque espèce d’arbre est revêtue d’une écorce différente, qui permet de la distinguer facilement : par exemple, l’écorce du hêtre est de couleur grise, d’un aspect assez lisse mais un peu rugueuse au toucher, et non fendue ; elle me fait penser à une peau d’éléphant. Celle du chêne rouvre, au contraire, de couleur gris-brun, se trouve très fissurée de profonds sillons verticaux.

écorce de chêne                            écorce de hêtre
(photo R. Cherel)
Délicate et élégante, l’écorce fine et lisse du bouleau, qui se desquame en lames fines comme des feuilles de papier. Mais quand l’arbre vieillit, l’écorce perd de sa régularité : par endroits elle se fissure en lèvres noires, comme de minuscules éruptions volcaniques vomissant une lave de bois.

Collante, l’écorce du sapin : provenant de quelque blessure, une résine odorante coule par endroit sur le tronc et s’attache à la main que j’y ai posée. Son odeur me rappelle des souvenirs de cabanes et de jeux d’enfance… Intéressante, l'écorce du pin noir avec ses grosses plaques dans lesquelles, enfant, je taillais de petits bateaux. Surprenante, l’écorce du séquoia, extrêmement épaisse mais si souple et élastique que l’on peut y enfoncer le poing et le retirer sans laisser de trace.

écorce de bouleau                       écorce de pin noir
(photo R. Cherel)
Enfant, je passais des heures à observer l’écorce des platanes, qui stimulait mon imagination. La vieille écorce grisâtre se fendille sous la pression du tronc qui se dilate : elle se desquame par plaques de formes irrégulières, laissant apparaître une jeune écorce d’un vert très pâle, presque blanche. Avec le temps, cette jeune écorce arbore des tons plus foncés : il en résulte sur le tronc une mosaïque de formes et de différentes nuances de vert du plus bel effet.

écorce de séquoia                         écorce de platane
(photo R. Cherel)
L’écorce de l’arbre, par son rôle dans l’aspect extérieur de son hôte, par sa fonction de protection, me fait penser à nos mécanismes de défense psychologiques. En effet, beaucoup de psychologues s’accordent à dire que nous nous sommes constitué dans l’enfance des mécanismes de défense qui nous permettent de nous protéger des agressions de notre environnement. Ainsi, chacun s’est construit préférentiellement des systèmes de protection qui lui permettent de se défendre subjectivement. Et, comme l’écorce de l’arbre, le choix de nos mécanismes de défense contribue à l’élaboration de notre apparence aux yeux des autres. Certaines de nos protections peuvent paraître rugueuses, d’autres plus lisses. Certaines se desquament quand on les touche, d’autres sont dures et résistantes, d’autres enfin s’enfoncent quand on appuie dessus.

Certaines personnes possèdent un caractère que l’on qualifie volontiers de rugueux : peu commodes, elles se mettent facilement en colère ou bien au contraire se renfrognent et ne communiquent pas facilement. D’autres présentent un caractère lisse, sans aspérités : ce sont des personnes gentilles, mais dont on ne sait pas toujours ce qu’elles pensent vraiment.

Mais faut-il absolument enlever l’écorce ? Si j’ôte l’écorce de l’arbre, je le blesse…




Renaud Cherel



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