J’aime bien me promener dans les bois, me retrouver au
contact de la nature. C’est souvent là, d’ailleurs, que naissent mes idées de
sujets pour écrire, entre autres… En me promenant ainsi dans les bois, il
m’arrive parfois de toucher l’écorce d’un arbre, voire d’en caresser le tronc
pour ressentir ce contact brut, cette énergie primaire qui parcourt ce grand
être vivant. Chaque espèce d’arbre est revêtue d’une écorce différente, qui
permet de la distinguer facilement : par exemple, l’écorce du hêtre est de
couleur grise, d’un aspect assez lisse mais un peu rugueuse au toucher, et non
fendue ; elle me fait penser à une peau d’éléphant. Celle du chêne rouvre,
au contraire, de couleur gris-brun, se trouve très fissurée de profonds sillons
verticaux.
écorce de chêne écorce de hêtre (photo R. Cherel) |
Collante, l’écorce du sapin : provenant de quelque
blessure, une résine odorante coule par endroit sur le tronc et s’attache à la
main que j’y ai posée. Son odeur me rappelle des souvenirs de cabanes et de
jeux d’enfance… Intéressante, l'écorce du pin noir avec ses grosses plaques dans lesquelles, enfant, je taillais de petits bateaux. Surprenante, l’écorce du séquoia, extrêmement épaisse mais si
souple et élastique que l’on peut y enfoncer le poing et le retirer sans
laisser de trace.
Enfant, je passais des heures à observer l’écorce des
platanes, qui stimulait mon imagination. La vieille écorce grisâtre se fendille
sous la pression du tronc qui se dilate : elle se desquame par plaques de
formes irrégulières, laissant apparaître une jeune écorce d’un vert très pâle,
presque blanche. Avec le temps, cette jeune écorce arbore des tons plus
foncés : il en résulte sur le tronc une mosaïque de formes et de différentes
nuances de vert du plus bel effet.
écorce de bouleau écorce de pin noir (photo R. Cherel) |
écorce de séquoia écorce de platane (photo R. Cherel) |
Certaines personnes possèdent un caractère que l’on qualifie
volontiers de rugueux : peu commodes, elles se mettent facilement en
colère ou bien au contraire se renfrognent et ne communiquent pas facilement. D’autres
présentent un caractère lisse, sans aspérités : ce sont des personnes
gentilles, mais dont on ne sait pas toujours ce qu’elles pensent vraiment.
Mais faut-il absolument enlever l’écorce ? Si j’ôte
l’écorce de l’arbre, je le blesse…
Renaud Cherel
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