Nous sommes bombardés par les médias de nouvelles
sensationnelles, d’exploits inédits, d’images étonnantes, de phrases choquantes
qui nous surprennent et attisent notre curiosité. Pas un jour ne passe sans que
la télévision, les journaux ou la radio ne nous délivrent quelque nouvelle
suscitant notre étonnement : telle découverte médicale qui va améliorer la
santé de milliers de patients – ou au contraire les malversations d’un
laboratoire pharmaceutique qui ont fait des milliers de victimes ; les
dernières frasques d’une star de cinéma ; la chute dans les sondages de
tel personnage politique ; les exploits de tel sportif ou de telle équipe…
on peut multiplier les exemples à l’infini. Cette forme d’étonnement bon
marché, proche de celle du badaud face au prestidigitateur ou au marchand
ambulant qui dévide son boniment, n’est pas celle qui m’intéresse ici.
Il existe en effet une autre forme d’étonnement, plus
fondamentale, plus existentielle peut-être, illustrée par ceux qui contribuent
à faire bouger le monde. Socrate, Platon, Aristote ont répété que la
philosophie est fille de l’étonnement, car celui-ci déclenche le travail de
réflexion et de création. Nombre de grandes figures marquantes dans l’histoire
de l’humanité ont accepté de se poser des questions, de s’étonner à propos de
choses apparemment banales ou négligées par la plupart de leurs contemporains.
Que ce soient des philosophes comme Averroès ou Bergson, des scientifiques
comme Einstein ou Marie Curie, des artistes comme Michel-Ange ou Picasso, des
religieux comme saint Augustin ou mère Térésa, des ingénieurs comme Léonard de
Vinci ou Gustave Eiffel, tous ont conservé à l’âge adulte cette capacité
d’étonnement qui caractérise l’esprit d’enfance, cet étonnement qui rime avec
émerveillement.
L’étonnement nous permet de progresser dans la connaissance
et la compréhension de la réalité à laquelle nous faisons face. En effet, c’est
lui qui nous pousse à nous poser des questions – formulées explicitement ou non
– sur les faits ou sur les personnes, et à tenter d’avancer des réponses à
notre manière. Cet étonnement a poussé chacun des personnages que j’ai cités à
se poser des questions, dans son domaine respectif, sur l’existence de
certaines choses, pourquoi elles sont ainsi et pas autrement, ou quelle est
leur nature, au fond. Par exemple, Averroès s’interrogeait (entre autres !)
sur la vérité, Bergson sur la conscience, Einstein sur la relativité, Marie
Curie sur la radioactivité, Picasso sur la perception de la réalité, saint
Augustin sur la liberté, mère Térésa sur la souffrance, Eiffel sur
l’utilisation industrielle des métaux… quant à Léonard de Vinci, il a exploré
la plupart des domaines connus à son époque.
Cultivons notre capacité d’étonnement, ne cédons pas à la
tentation d’être blasés. Étonnons-nous encore de ce qui est banal, sans
banaliser notre étonnement. Nous avons la capacité de recevoir la vie comme un
miracle permanent, et les petits événements quotidiens, acceptés comme des dons
merveilleux, nous souriront : l’harmonie de ce refrain qui chante dans ma
tête, le sourire chaleureux de cette personne croisée en chemin, la beauté
d’une goutte de rosée scintillant dans la lumière du matin, tout peut être
sujet d’émerveillement.
Alors, étonnez-vous !
Renaud Cherel
Beauté, laideur
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Renaud Cherel
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