Semaine dernière j’ai évoqué des exemples de comportements
destructifs : si minimes soient-ils, ils témoignent, me semble-t-il, de
cette pulsion de mort nommée thanatos
par Freud, qui se manifeste en nous presque quotidiennement dans de petits
actes tels que ceux-là, mais qui peut parfois surgir avec grande violence.
L’actualité, telle qu’elle nous est présentée, est remplie
de violence : il suffit de parcourir les pages de son journal habituel,
d’écouter les informations à la radio ou de les regarder à la télévision pour y
être plongés jusqu’à saturation. La violence fascine et fait vendre, à en
croire la proportion de romans, de films, de jeux vidéo dont elle constitue
l’un des ressorts principaux.
Le mot violence vient du latin vis, force ; or la force nous est nécessaire pour
survivre : c’est dire l’aspect duel de la violence. C’est pourquoi la
violence à la fois nous repousse et nous attire, nous inquiète et nous captive,
nous détruit et nous protège.
La violence constitue l’un des trois réflexes de survie instinctifs,
face à une situation de danger vital : soit rester paralysé et faire le
mort, soit prendre la fuite, soit attaquer. Ces réactions réflexes, héritées de
nos lointains ancêtres, ne sont pas pathologiques, mais elles sont la plupart
du temps inadaptées à la complexité des situations sociales que nous vivons
aujourd'hui.
Ainsi on peut avoir recours à la violence, physique ou
verbale pour de nombreuses raisons qui n’ont pas grand-chose à voir avec une
situation de danger vital :
Carmen, très susceptible, se sent souvent atteinte par les
propos de son entourage et sait utiliser des mots très durs pour riposter à ce
qu’elle ressent comme des agressions. Souvent même, se disant que la meilleure
défense, c’est l’attaque, elle anticipe en plaçant quelques remarques bien
senties avant même que son interlocuteur ait pu s’exprimer.
Delphin a tendance à se réfugier dans l’alcool pour échapper
aux difficultés du quotidien (réflexe de fuite) ; mais quand il a bu, il
devient agressif et la moindre contradiction provoque ses accès de violence,
souvent contre ses proches.
Amaury, cadre compétent et ambitieux, sait très bien
utiliser la menace et la manipulation pour amener d’autres personnes de son
entourage professionnel à servir ses intérêts propres.
Betty se rend compte qu’elle est parfois très violente
envers ses enfants ; stressée par les soucis de la vie quotidienne, elle
se laisse emporter par la colère et les punit de façon disproportionnée par
rapport à la gravité de leurs actes.
Martial devient très agressif lorsqu’il est au volant de sa
voiture, n’hésitant pas à faire des manœuvres dangereuses pour doubler un
automobiliste qu’il considère comme un rival, ou agonir d’injures un conducteur
hésitant.
Samson aveuglé par les Philistins. (Rembrandt) |
Renaud CHEREL
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