-« Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit, se plaint Maud. Mon entrevue avec
mon chef me tournait dans la tête. Ça m’angoisse car je suis sûre qu’il va
encore trouver des choses à me reprocher sur l’année écoulée, et adieu mon
augmentation…
- Cela ne risque pas de m’arriver, rétorque Lazare. Quand je suis au
bureau, je suis complètement concentré sur les tâches à effectuer. Mais dès que
j’arrive à la maison, c’est comme si je déposais mes soucis professionnels sur
le paillasson, je n’y pense absolument plus et je dors très bien la nuit !
- Tu as de la chance, répond Rosalie. Moi, ce sont les soucis de la vie
familiale que j’apporte au travail : je ne peux pas m’empêcher d’envoyer
plusieurs textos dans la journée à mes enfants pour savoir comment se passe
leur journée à l’école. Dès que l’un d’eux a des soucis, cela me tracasse, je
suis moins concentrée et je fais des erreurs…
- Mon mari est comme Lazare, et je trouve cela exaspérant ! s’exclame
Sidoine. Quand il est concentré sur quelque chose, impossible d’attirer son
attention : c’est comme s’il était sur une autre planète, et ça m’énerve !
J’ai l’impression que sa vie est faite de compartiments étanches : quand on
s’est mariés, je ne connaissais aucun de ses amis, il ne m’en avait jamais
parlé… »
Certaines personnes ont tendance à compartimenter leur vie
en érigeant des cloisons quasi étanches entre leurs différents domaines
d’activité. Un exemple fameux est celui de François Mitterrand qui, tout homme
public qu’il était, ne mélangeait pas les genres et cultivait le secret :
peu de gens étaient au courant de l’existence de sa fille Mazarine, et encore
moins de son cancer.
Le fait de compartimenter sa vie de façon excessive peut
conduire à mettre mentalement les événements, les choses et les gens dans des
boîtes bien rangées, chacune avec son étiquette. Une fois placée dans une boîte,
la personne que nous avons ainsi étiquetée n’en sortira pas. Si une telle compartimentation
de la vie présente beaucoup d’inconvénient pour l’entourage – et même pour la
personne qui la pratique – lorsqu’elle est excessive, elle peut néanmoins apporter de nombreux
avantages lorsqu’elle est employée avec souplesse.
On peut même affirmer que c’est
un outil de développement personnel efficace pour aller vers un meilleur équilibre
intérieur. Cela fonctionne tout simplement comme les compartiment étanches d’un
navire : en cas de brèche dans un compartiment, l’eau de mer ne peut pas
envahir les autres et le bateau ne coule pas. En cas de tension dans un domaine
de vie, la personne ayant l’habitude de compartimenter ne laisse pas les
émotions négatives envahir les autres domaines. Mieux, elle peut éventuellement
utiliser ses ressources ainsi sauvegardées pour lutter contre ces émotions négatives.
Ainsi, face aux même difficultés que d’autres, elle risque moins de tomber dans
la dépression.
Conduite avec modération, la compartimentation peut ainsi aider
à vivre de façon plus heureuse. Nous verrons dans le prochain message comment mettre
en place un tel outil.
Équilibre vie pro-vie perso
Gérer son temps
Compartimenter avec modération
Renaud CHEREL
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